par Huw Jones

"Je ne suis pas sûr qu'il y ait une claire majorité décidée à suivre l'approche allemande", a ainsi déclaré Eddy Wymeersch, qui préside le CESR.

"Ce n'est pas exclu, mais ce n'est pas prévu non plus", a-t-il ajouté.

Le CESR souhaite que la Commission européenne donne davantage de prérogatives aux régulateurs afin qu'ils puissent prendre des mesures d'urgence telles qu'une interdiction coordonnée sur telle ou telle transaction lorsque les marchés sont sous pression, a-t-il poursuivi.

Il souhaite également que le commissaire européen au Marché intérieur et aux services financiers, Michel Barnier, accélère ses propositions visant à réguler les dérivés, à exiger la publication des transactions en juillet, et à encadrer les ventes à découvert sur le marché des CDS en octobre.

L'Allemagne a surpris ses partenaires européens la semaine dernière en décidant unilatéralement d'interdire les ventes à découvert à nu sur certains titres financiers afin de calmer la volatilité des marchés, ce qui, selon les opérateurs de marché, a en réalité eu l'effet inverse et a accru l'incertitude.

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La France, la Grande-Bretagne, l'Espagne, la Suède et la Finlande ont dit qu'elles ne suivraient pas l'exemple de l'Allemagne.

Eddy Wymeersch a précisé que les membres du CESR , dont la BaFin, le régulateur allemand, la Financial Services Authority (FSA) britannique et l'Autorité marchés financiers française (AMF) réfléchissaient aux moyens d'obtenir davantage d'informations détaillées sur les transactions de dérivés pour déceler les abus.

"Nous ne voulons pas seulement voir les transactions mais aussi les positions des différents intervenants sur le marché, afin que l'on puisse surveiller la situation plus clairement", a déclaré le président du CESR.

Lors d'une autre conférence, Michel Barnier a souligné que l'Allemagne avait le droit de mettre en place ses propres mesures pour freiner les transactions mais que celles-ci seraient plus efficaces si elles étaient coordonnées avec ses partenaires européens.

Il a semblé exclure de faire avancer ses propositions sur les dérivés mais a dit qu'il publierait très rapidement ses propositions relatives à une meilleure coordination de la supervision sur les ventes à découvert.

"Je n'improviserai pas, c'est le message d'aujourd'hui", a dit Michel Barnier.

A l'heure actuelle, la plupart des transactions de CDS dans le monde sont déclarées à un organe géré par la Depository Trust & Clearing Corporation (DTCC), aux Etats-Unis.

Certes, la DTCC coopère avec les autorités européennes en leur fournissant des informations, mais cette solution pourrait ne pas être suffisante.

"Les données de la DTCC pour les CDS ne sont pas suffisamment détaillées, pas suffisamment précises pour notre analyse", a dit Eddy Wymeersch.

Certains banquiers centraux et responsables de la politique monétaire souhaitent un organe de sécurité sur le sol européen et Michel Barnier définira sa position dans un projet de loi en juillet visant à sévir contre les transactions hors marchés sur les dérivés représentant quelque 615.000 milliards de dollars (502.000 milliards d'euros).

Nicolas Delame et Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français