par Jason Subler et Simon Rabinovitch

Le chef du gouvernement chinois, qui ouvrait les travaux du Parlement réuni en session annuelle, a déclaré que l'objectif de croissance en 2009 était réaliste malgré une situation économique dont il a dressé un sombre tableau.

"Tant que nous adopterons et appliquerons les bonnes politiques et les mesures appropriées, nous serons en mesure d'atteindre cet objectif", a-t-il affirmé.

Une croissance de 8% est considérée par les analystes comme le minimum requis pour contenir le taux de chômage en Chine.

Wen a souligné que cet objectif, "dans un pays en développement de 1,3 milliard d'habitants", était "essentiel pour augmenter l'emploi dans les régions rurales et urbaines, augmenter les revenus de la population et assurer la stabilité sociale".

"La crise financière continue de s'étendre et d'empirer. La demande continue à diminuer sur les marchés internationaux, la tendance à la déflation mondiale est devenue une évidence et le protectionnisme resurgit", a-t-il ajouté.

BOND DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE

La Chine prévoit en 2009 un bond de son déficit budgétaire à 950 milliards de yuans (110 milliards d'euros) ce qui représentera près de 3% de son PIB, contre 0,4% en 2008, mais moins d'un quart de ce que prévoient les Etats-Unis (12,3%)

Les dépenses d'investissement, des chemins de fer aux logements bon marché, devraient doubler. Les investissements dans la santé devraient augmenter de 38%, les dépenses de couverture sociale et d'assurance chômage de 22%.

Face au constat de crise, Wen Jiabao a déclaré que le gouvernement utiliserait des mesures d'incitation fiscales pour soutenir les exportations tout en réaffirmant la politique de change classique de la Chine, à savoir maintenir le yuan à un taux "globalement stable".

Même si Wen n'a pas dévoilé de nouvelles mesures de soutien à l'économie, les analystes pensent que les autorités chinoises seront prêtes à le faire le cas échéant.

"(Les responsables chinois) observent que les conditions de l'économie mondiale empirent chaque jour et ils ont peut-être décidé de garder les dépenses supplémentaires dans leur poche", estime Stephen Green, de la Standard Chartered Bank à Shanghai.

"Peut-être faut-il attendre le deuxième trimestre et voir comment cela se passe. Ils ont d'autres munitions si nécessaire", a-t-il ajouté.

Jia Kang, chercheur au ministère des Finances, approuve. "La Chine devra peut-être accroître le déficit budgétaire si la situation économique reste faible au deuxième trimestre", dit-il.

SYSTÈME D'ALERTE

Wen a par ailleurs promis que le gouvernement travaillerait à soutenir le pouvoir d'achat des ménages en augmentant la part des salaires dans le revenu national et en accroissant l'investissement public.

"Il nous faut soutenir les secteurs de forte consommation des ménages et étendre la consommation à de nouveaux domaines", a-t-il déclaré. "Nous améliorerons la politique sur la consommation automobile."

Le chef du gouvernement s'est dit encouragé par la réponse de l'économie aux mesures de relance de novembre qui prévoient des dépenses massives dans les infrastructures, le logement social ou l'environnement.

Les prêts des banques ont fortement augmenté - Wen a fixé un objectif ambitieux de 5.000 milliards de yuans de nouveaux prêts en 2009, juste au-dessus du niveau de l'an dernier - et les enquêtes sur l'industrie témoignent d'une embellie.

Mais les exportations se sont effondrées et les prix de l'acier, qui avaient augmenté sous l'effet du plan de relance, sont repartis à la baisse, ce qui fait dire aux économistes que la Chine n'est pas encore sortie d'affaire.

Vingt millions de migrants chinois ont perdu leur emploi avec la fermeture des usines tournées vers l'exportation et les paysans subissent chômage et baisse de revenus.

La commission nationale de réforme et de développement, qui présentait son rapport au parlement, a promis une hausse de 20% des aides à l'agriculture et une augmentation du prix d'achat minimum du blé et du riz.

Wen Jiabao a souligné que Pékin chercherait à prévenir toute menace de troubles sociaux par un système d'alerte visant à "prévenir activement et gérer de manière adaptée tout type d'incident de masse", euphémisme utilisé par le gouvernement pour désigner les manifestations ou les émeutes.

Version française Jean-Stéphane Brosse et Clément Dossin