(Actualisé avec citations, contexte)

LIMA, 10 juin (Reuters) - La populiste Keiko Fujimori a concédé sa défaite vendredi à l'élection présidentielle au Pérou au profit de son adversaire de centre droit Pedro Pablo Kuczynski, au terme d'un second tour particulièrement serré.

Elle a indiqué que son parti, qui a remporté les élections législatives qui se tenaient en même temps, mènerait une opposition "vigilante".

Keiko Fujimori, 41 ans, fille de l'ancien président Alberto Fujimori, a accusé son adversaire, un ancien banquier d'affaires qui a déjà exercé le pouvoir en tant que Premier ministre, d'avoir remporté le second tour dimanche dernier, avec le soutien des "partisans de la haine".

"Au second tour, notre opposant a été accompagné par le pouvoir politique du gouvernement sortant, les puissances économiques et le pouvoir des médias", a déclaré Keiko Fujimori pour sa première conférence de presse.

Son parti, Force populaire, a remporté 73 sièges de députés sur les 130 que compte le Congrès, le parlement monocaméral péruvien. Les députés élus l'ont applaudi avec une banderole sur laquelle on pouvait lire : "Merci, Pérou !"

Il s'agit de la deuxième défaite de peu de Keiko Fujimori et d'un nouveau coup porté aux politiques populistes qui n'ont plus le vent en poupe en Amérique latine. En 2011, elle avait été battue de justesse par Ollanta Humala, l'actuel président sortant qui ne pouvait se représenter.

Longtemps favorite, la fille d'Alberto Fujimori, qui purge une peine de vingt-cinq ans de prison pour corruption et atteintes aux droits de l'homme, avait vu son avance fondre dans les derniers jours de la campagne. Une partie de l'opinion redoute un retour aux pratiques autoritaires de son père.

Mais Pedro Pablo Kuczynski, qui est âgé de 77 ans, a réussi à l'emporter de justesse malgré son style de technicien à l'allure un peu raide, et les craintes relatives à son âge. Il avait intensifié ses critiques contre Keiko Fujimori, dont certains des proches conseillers ont été pris dans un scandale dans les derniers jours de la campagne, électorale.

Keiko Fujimori dit accepter les résultats du scrutin, qui montrent que son adversaire l'a emporté de quelques dizaines de milliers de voix seulement, mais elle a qualifié les résultats de "déroutants". (Mitra Taj et Teresa Cespedes; Danielle Rouquié pour le service français)