Zurich (awp) - Stéphane Aeschbach, cofondateur du portail d'e-commerce genevois GenèveAvenue et à la tête de 15 magasins de chaussures en Suisse romande, estime que les commerçants suisses ont un train de retard par rapport à leur présence sur internet. Ils doivent offrir des plateformes suisses à leurs clients locaux, plutôt que de les laisser être attirés par les sites étrangers.

Dans une interview au journal Le Temps jeudi, il explique que "les commerçants suisses ont été aveuglés par le tourisme d'achat, qui s'aggravait à mesure que se renforçait le franc. Ils n'ont pas vu la montée en puissance du commerce en ligne. Ce retard à l'allumage a laissé tout le temps aux plateformes étrangères de capter la clientèle suisse." Comprenez des enseignes comme Zalando ou Amazon.

Le détaillant estime que pour ses magasins, "après une belle année 2017, 2018 fut en effet compliquée". Il n'a pas attendu pour "prendre le train du commerce en ligne, dès 2011. Sa part du chiffre d'affaires est d'aujourd'hui 12%. L'intégralité de notre assortiment de chaussures peut être acheté en ligne avec une possibilité de retrait dans les deux heures en magasin", ajoute Stéphane Aeschbach. Le mois prochain, un service de livraison par coursiers à vélo sera aussi lancé.

Le portail GenèveAvenue regroupe une soixantaine de commerçants comme Payot ou Visilab, "ce qui donne une belle visibilité". Pour le patron, la mutualisation des moyens a du bon. "La plateforme a aussi un intérêt financier: construire une présence en ligne coûte très cher, entre 30'000 et 40'000 francs suisses par année, sans compter la gestion du site et le marketing. C'est énorme, cela représente parfois 10% du chiffre d'affaires des commerçants".

Il veut aussi renforcer le facteur de proximité, pour concurrencer les plateformes étrangères en voulant introduire la livraison à domicile le jour même. "L'objectif, c'est de gommer 'l'effet Amazon', le client suisse doit pouvoir trouver chez nous le produit dont il a besoin, sans passer par une plateforme étrangère".

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