Pour sa toute première apparition en public dans ses nouvelles fonctions, Powell a admis que l'économie s'était renforcée ces derniers temps, des propos qui ont poussé les marchés à revoir à la hausse la probabilité d'avoir non pas trois mais quatre hausses des taux cette année.

Les dernières prévisions économiques publiées par la Réserve fédérale, en décembre dernier, laissaient présager trois relèvement des taux en 2018.

Le discours de Powell, tenu devant la commission des services financiers de la Chambre des Représentants, a été globalement celui de la continuité.

Il s'agit pour lui d'éviter toute flambée inflationniste tout en recueillant les fruits d'une économie stimulée par la réforme fiscale et une croissance mondiale soutenue.

"Le (Comité de politique monétaire, Fomc) continuera de rechercher l'équilibre en évitant toute surchauffe de l'économie (...) et en amenant l'inflation à 2% de façon durable", a-t-il expliqué.

"Les vents contraires que l'économie américaine avait dû supporter certaines années se sont transformés en vents favorables", a-t-il ajouté, observant cependant que "l'inflation reste en deçà de notre objectif à long terme de 2%; du point de vue (du Fomc), augmenter encore et progressivement le taux des Fed funds sera la meilleure façon d'atteindre nos deux objectifs".

Les déclarations de Powell montrent aussi que la réforme fiscale d'envergure du gouvernement américain et ses projets de grands travaux ne provoqueront pas de changement de cap spectaculaire de la part de l'institut d'émission.

"Progressif" est le maître-mot de la banque centrale depuis que celle-ci a inauguré fin 2015 son cycle de durcissement monétaire sous la présidence de Janet Yellen, à laquelle Powell a succédé.

On s'attend généralement à ce que la Fed procède à sa première hausse des taux de l'année lors de sa réunion du mois prochain. Elle rendra publiques à cette occasion ses nouvelles prévisions économiques et Powell donnera lui sa première conférence de presse.

Les futures de taux ont reculé et les rendements de la dette américaine ont monté, tandis que Wall Street fléchissait et que le dollar progressait face à un panier de monnaies de référence, en réaction à la prestation du président de la Fed.

"TRANSPARENCE"

L'audition de Powell s'est faite en douceur pour l'essentiel, tranchant avec ce qui avait pu se passer certaines années précédentes, en particulier quand les députés exposèrent la banque centrale à un fou roulant de questions sur son programme massif d'achats d'actifs pour étouffer la crise financière de 2007-2009 et le gonflement énorme de son bilan qui en avait résulté.

Powell a surtout été interrogé sur la position de la banque centrale en matière de réglementation.

Pour ce dernier, l'arsenal dont dispose la Fed pour gérer les taux d'intérêt fonctionne bien et il a mis en avant également le dégonflement régulier du bilan de la banque centrale, ainsi que la progression vers l'objectif d'une inflation de 2%.

Le cadre actuel "fonctionne et le marché le comprend", a-t-il dit. A ceux qui laissaient entendre que la Fed devait réduire son bilan plus rapidement ou plus radicalement, Powell a répondu: "Notre plan me convient en l'état".

Enfin, Powell a mis l'accent sur la "transparence", ce qui plaira sans doute aux républicains. "Je m'engage à expliquer clairement ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons", a-t-il résumé.

Il s'est également gardé de tout pas de côté, s'abstenant de faire mention des nouvelles initiatives de certains de ses collègues, qui réclament en particulier un réexamen de la méthode de gestion de l'inflation de la banque centrale.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Howard Schneider et Jason Lange