L'approvisionnement en gaz naturel russe a ainsi baissé de 5% pour la République tchèque, dernier pays en date à ressentir les retombées du bras de fer entre Kiev et Moscou. Pour la deuxième fois en trois ans à cette période de l'année, la Russie a suspendu ses livraisons de gaz à l'Ukraine en raison d'un différend entre les deux pays sur les tarifs du combustible et sur l'ardoise que les autorités russes réclament à leurs voisins ukrainiens.

"Il s'agit du premier signal de la crise Russie-Ukraine dans la République tchèque", a déclaré un porte-parole de RWE Transgas, qui importe le gaz russe via l'Ukraine.

L'Allemagne, première puissance économique européenne, a indiqué pour sa part que son approvisionnement était normal. Les compagnies énergétiques du reste de l'Europe ont assuré que grâce aux réserves dont elles disposent, leurs clients ne seraient pas affectés par la crise ... tant que celle-ci ne dure pas trop longtemps.

La Turquie a elle aussi fait état d'une baisse de ses approvisionnements, emboîtant ainsi le pas à la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie qui ont déjà fait un constat similaire.

La Russie accuse Kiev de détourner pour le marché ukrainien du gaz destiné au reste de l'Europe, tandis que l'Ukraine affirme que Moscou a réduit de plus de moitié le volume transitant par le gazoduc qui constitue son principal débouché à l'export.

"Naftogaz considère que les actions de Gazprom menacent la sécurité énergétique de l'Ukraine et de l'Europe, ce qui pourrait entraîner des conséquences imprévisibles pour l'ensemble du système européen d'acheminement du gaz", a déclaré ce week-end la compagnie publique d'énergie ukrainienne.

Gazprom a répondu qu'il honorait pleinement ses engagements vis-à-vis des ses clients en Europe, et accusé Kiev de détourner ou de bloquer la livraison d'un volume de gaz représentant environ 15% de l'approvisionnement total.

Preuve que les deux camps ne sont pas encore d'humeur à envisager un compromis, le directeur général de Gazprom, le monopole russe du gaz, Alexeï Miller, a indiqué que puisque l'Ukraine avait refusé son offre tarifaire à 418 dollars les 1.000 mètres cube de gaz russe, il en demandait maintenant un prix de 450 dollars.

L'Union européenne, qui dépend à hauteur de 20% du gaz transitant via le sol ukrainien, a demandé le respect des contrats de livraison conclus, tandis que la République tchèque, qui exerce actuellement la présidence européenne, a précisé que l'UE ne s'impliquerait pas directement dans la crise.

L'Union a toutefois convoqué pour lundi ses envoyés spéciaux à une réunion d'urgence sur ce dossier.

Youri Kulikov et Tanya Mosolova, version française Gilles Guillaume