* Nouvelle ère d'incertitude avec l'arrivée de Trump

* La conférence dénoncée par Israël, soutenue par Abbas

* Kerry présent à Paris, aucune annonce prévue

par John Irish et Marine Pennetier

PARIS, 15 janvier (Reuters) - Quelque 70 pays et organisations internationales sont réunis ce dimanche à Paris pour tenter de raviver le processus de paix israélo-palestinien et réaffirmer leur attachement à la solution à deux Etats, à cinq jours de l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche dont l'investiture s'accompagne d'incertitudes sur la position américaine dans ce dossier.

Voulue par Paris, la "conférence sur la paix au Proche Orient", à laquelle participent plusieurs dizaines de pays arabes, européens et membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, devait initialement être suivie d'un compte rendu aux deux parties par le chef de l'Etat français François Hollande.

Elle se tiendra finalement en l'absence du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu après le refus de l'Etat hébreu de participer à ce qu'il a qualifié de "conférence truquée."

Le président palestinien, qui avait accepté le format proposé par la France, ne sera reçu que dans un cadre bilatéral à Paris "dans les prochaines semaines" par François Hollande, selon l'Elysée.

"L'objectif de la conférence, c'est de réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux Etats, et faire que cette solution demeure la référence", a expliqué le président français jeudi.

"Or, je vois bien qu'elle s'est affaiblie sur le terrain et dans les esprits et, si on la laissait dépérir, ce serait un risque pour la sécurité d'Israël à laquelle la France est résolument attachée", a-t-il ajouté, près de trois ans après la suspension en avril 2014 des dernières négociations de paix directes menées sous l'égide des Etats-Unis.

INCONNUE AMÉRICAINE

Relégué au second plan compte tenu de la guerre en Syrie et de la lutte contre l'Etat islamique, le conflit israélo-palestinien est revenu sur le devant de la scène le 23 décembre avec l'adoption d'une résolution au conseil de sécurité de l'Onu condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens.

Le vote du texte, permis par l'abstention américaine, a suscité l'ire de Benjamin Netanyahu qui mise sur l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche le 20 janvier prochain pour tourner la page de huit ans de relations tendues avec Barack Obama.

L'homme d'affaires républicain a nommé comme ambassadeur en Israël David Friedman, un avocat qui a participé à des levées de fonds pour soutenir les colonies israéliennes et annoncé son intention de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

Dans une interview accordée au Figaro publiée vendredi, Mahmoud Abbas annonce avoir écrit à Donald Trump pour le convaincre de renoncer à ce projet qui, selon lui, "réduirait à néant" la solution à deux Etats et le prévenir que les Palestiniens pourraient revenir sur la reconnaissance de l'Etat d'Israël.

Le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem "serait une décision unilatérale qui pourrait relancer la tension sur le terrain", souligne un haut diplomate français.

"Ce n'est pas mauvais que, cinq jours avant l'arrivée de Trump, 70 pays rappellent ce qui est important pour une solution à deux Etats à un moment où l'administration Trump pourrait mettre en place des mesures controversées qui pourraient aggraver la situation."

"C'est aussi simple que ça, ce n'est pas plus que ça. Il faut que cette position soit actée et que chacun prenne date, dans cette période d'incertitude", ajoute-t-il.

Face à l'hostilité israélienne à toute initiative multilatérale, la France a assuré ces derniers jours que la conférence n'avait pas pour vocation d'imposer la paix et réaffirmé que seules des négociations bilatérales permettraient de trouver une issue au conflit.

Le projet de déclaration finale, vu par Reuters, réaffirme les résolutions internationales existantes, exhorte les deux parties à réaffirmer leur engagement en faveur de la solution à deux Etats et à "s'abstenir de toute mesure unilatérale qui préjugerait du résultat des négociations sur le statut final."

Selon des diplomates, le texte pourrait également faire allusion aux propositions de Donald Trump. (Edité par Jean-Philippe Lefief)