Le président Macron organise un sommet à Paris à partir de jeudi pour discuter de la réforme des institutions financières multilatérales face au changement climatique et à d'autres défis en matière de développement.

Les suggestions d'un groupe de pays en développement, dirigé par la Barbade, appelé "Initiative de Bridgetown", constitueront l'un des principaux sujets de discussion.

Les principales demandes de l'initiative de Bridgetown sont les suivantes :

SOUTIEN À LA LIQUIDITÉ

Les États membres de l'ONU doivent accélérer le transfert de 100 milliards de dollars en "droits de tirage spéciaux", une monnaie de réserve, vers des programmes qui soutiennent la résilience climatique et subventionnent les prêts aux pays à faible revenu.

Le Fonds monétaire international devrait suspendre les surcharges - les paiements d'intérêts supplémentaires imposés aux pays emprunteurs très endettés - pendant deux ou trois ans.

Il devrait rétablir les "limites d'accès renforcées" établies pendant la pandémie de COVID pour deux instruments de soutien financier d'urgence, la facilité de crédit rapide (FCR) et les instruments de financement rapide.

VIABILITÉ DE LA DETTE

Les pays créanciers du G20 devraient revoir leur cadre commun de restructuration de la dette des pays pauvres en défaut de paiement, notamment en accélérant les négociations sur l'allègement de la dette et en permettant aux pays à revenu intermédiaire d'y avoir accès.

Le FMI devrait encourager la restructuration de la dette insoutenable d'une manière cohérente entre les pays, et modifier la manière dont il analyse la dette afin d'encourager les investissements qui créent des économies futures, tels que ceux destinés à l'adaptation au changement climatique.

Les créanciers publics et privés devraient inclure des clauses relatives aux catastrophes dans les contrats de prêt afin de permettre aux pays de réaffecter les paiements de la dette à l'aide aux sinistrés, et de refinancer les dettes à court terme et à taux d'intérêt élevé par des garanties de crédit et des échéances plus longues.

Les États membres de l'ONU devraient convenir de réunir 100 milliards de dollars par an pour un fonds destiné à aider à payer les pertes et dommages liés au climat subis par les pays en développement.

CAPITAUX PRIVÉS

Le FMI et les banques multilatérales de développement devraient offrir 100 milliards de dollars par an en garanties contre le risque de change afin de stimuler les investissements du secteur privé dans des projets qui aideraient les pays en développement à faire la transition vers une économie à faible émission de carbone.

Ils devraient également accroître leur soutien aux pays pour les aider à créer une réserve de projets susceptibles d'être investis, et recourir davantage au financement mixte et à d'autres structures dans lesquelles les prêteurs publics assument une plus grande part des risques liés aux projets.

PRÊTS AU DÉVELOPPEMENT

Le G20 et les autres actionnaires de la Banque mondiale, du FMI et des institutions de développement devraient pleinement mettre en œuvre les recommandations formulées en 2022 par un groupe d'experts visant à stimuler les prêts des banques multilatérales de développement.

Ils devraient engager 100 milliards de dollars supplémentaires par an en capitaux frais dans les différentes institutions et transférer les droits de tirage spéciaux aux banques multilatérales de développement, en commençant par la Banque africaine de développement d'ici septembre 2023.

Ils devraient accroître l'effet de levier de l'Association internationale de développement de la Banque mondiale, qui fournit des financements concessionnels, financer pleinement son mécanisme de soutien d'urgence à hauteur de 6 milliards de dollars d'ici à la fin de 2023, et augmenter le financement de l'AID à hauteur de 279 milliards de dollars.

Ils devraient relever les limites d'accès aux financements concessionnels par l'intermédiaire du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance et du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité.

Elles devraient évaluer l'éligibilité des financements à la lumière de la vulnérabilité d'un pays et fournir des prêts à faible coût sur 50 ans pour les aider à investir dans des domaines tels que la résilience climatique, la sécurité de l'eau, la préparation aux pandémies et l'accès aux énergies renouvelables.

Elles devraient simplifier et harmoniser la manière dont les pays peuvent demander des prêts dans le monde entier. Les institutions financières internationales devraient également financer des plans de développement qui contribuent à protéger les ressources partagées.

COMMERCE

Des groupes tels que l'Organisation mondiale du commerce et d'autres grands partenaires commerciaux devraient collaborer avec les gouvernements pour renforcer les chaînes d'approvisionnement afin de les rendre plus résistantes, de veiller à ce qu'elles profitent aux pays producteurs de matières premières et de protéger les personnes vulnérables.

GOUVERNANCE

Les gouvernements actionnaires des institutions financières internationales devraient modifier la manière dont elles sont structurées et gérées afin de les rendre plus "inclusives et équitables". (Reportage de Simon Jessop et Leigh Thomas ; Rédaction de Christina Fincher)