1/ Boeing 

Fondé durant la Première Guerre mondiale, Boeing a rapidement connu le succès puisque sa première commande d’envergure provient de la Navy en 1917 pour des hydravions d'entraînement. Dans les années 30, une loi anti-trust interdit aux constructeurs d’exploiter des lignes aériennes. La société fut donc scindée en trois sociétés avec United Airlines d’un côté, responsable du transport aérien, United Aircraft, garant de la fabrication à l’Est du pays et qui deviendra United Technologies des décennies plus tard et récemment intégré dans le nouveau RTX. La troisième entreprise, Boeing, sera responsable de la production à l’Ouest des Etats-Unis. Les décennies suivantes seront marquées par des innovations majeures pour le monde de l’aviation : en 1934, le Boeing 314 Clipper est le plus gros avion civil de son temps. En 1938, le Boeing 307 Stratoliner est le premier avion de transport à cabine pressurisée. Puis la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide permettront au groupe de s’élever dans le domaine militaire, notamment dans les bombardiers. Par la suite, il y eut notamment deux gigantesques acquisitions : McDonnell Douglas et Rockwell, deux mastodontes du spatial et du militaire. 

Que fait Boeing ? 

Héritier de ce passé riche, Boeing réalise 32% de son chiffre d’affaires dans le domaine de la défense, soit près de 25 Mds$. La société est impliquée dans la production d’avions de combat (F/A-18), de ravitaillement (KC-46 Tanker), d’hélicoptères (CH-47 Chinook, AH-64 Apache), de systèmes d’armement, et de solutions de renseignement, des satellites gouvernementaux et des outils cyber. 

Hors défense, Boeing est le second producteur mondial d’avions commerciaux, derrière Airbus. Le groupe vend notamment le monocouloir B737 (396 unités livrées l’an dernier sur 528 avions au total). Dans les services (25% des revenus), Boeing fournit une gamme complète pour les plateformes et systèmes aérospatiaux commerciaux et militaires à l’échelle mondiale. Cela inclut la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de la logistique, l’ingénierie, la maintenance, les améliorations, les pièces de rechange. La branche intègre aussi des services de formations pour les pilotes et les techniciens, des services d’analyse de données, etc. 

Qu’en est-il des finances ?  

Boeing traverse une période compliquée. Les incidents techniques à répétition, le vieillissement de la gamme, le manque d’innovation et surtout l’avance d’Airbus ont eu des conséquences néfastes sur le groupe ces dernières années. La branche dédiée à la défense n’est pas non plus à la fête puisque la croissance n’est plus au rendez-vous (-6% de chiffre d’affaires entre 2021 et 2023 et perte nette lors des deux derniers exercices). La trajectoire de croissance reste assez floue et malgré le beau portefeuille de technologies commercialisées, il y a sans doute de meilleures opportunités dans le secteur à l’heure actuelle. 

2/ Huntington Ingalls 

Huntington Ingalls est l’ancienne branche marine de Northrop Grumman. En 2011, le troisième acteur mondial de l'armement a scindé cette division pour former la société que nous connaissons aujourd'hui.

Que fait Huntington Ingalls ? 

La société est spécialisée dans la conception de navires pour la marine et la garde côtière américaines. Il s’agit d’engins amphibies destinés à des assauts de la mer sur la terre (gamme LHA) ainsi que des navires expéditionnaires (gamme LPD), des destroyers lance-missiles (gamme DDG) ainsi que des porte-avions. La société détient les chantiers navals de Newport News Shipbuilding en Virginie où 31 porte-avions ont été construits depuis 1933 et Ingalls Shipbuilding dans le Mississippi. La société génère également des revenus grâce au ravitaillement et à la révision des navires, un travail colossal, notamment pour les porte-avions nucléaires, dont la maintenance complète peut prendre jusqu'à quatre ans. Il est estimé qu'en moyenne, sur une durée de vie de 50 ans, un porte-avions passera 35 % de son temps en maintenance et modernisation. Enfin, Huntington Ingalls collabore avec General Dynamics pour la conception de sous-marins.

Qu’en est-il des finances ?  

Comme plusieurs de ses pairs dans le secteur de la défense, Huntington Ingalls rachète des actions pour compenser la baisse des marges. Le profil de croissance du chiffre d'affaires est solide, avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 5,7 % depuis 2014. La société se négocie à un multiple de 15 fois les profits, mais souffre d'un manque d'atouts purement technologiques dans son catalogue. Le groupe est tout de même très bien géré et reste le meilleur acteur pour investir dans le secteur de la marine de guerre.

3/ Leidos 

Leidos est spécialisée dans des solutions technologiques avancées pour divers secteurs, principalement la défense, le civil et la santé. Le principal fait marquant remonte à 2016 lorsque Lockheed Martin a fusionné ses activités dans les systèmes informatiques pour les gouvernements avec Leidos, en échange de 1,8 Md$. Par ailleurs, de nombreux anciens militaires haut-gradés du Pentagone y travaillent ou y terminent leur carrière. 

Que fait Leidos ? 

Leidos réalise 56% de son chiffre d’affaires dans la défense. La société commercialise des solutions technologiques de pointe dans la modernisation numérique, les systèmes de mission, d’intégration, et de communication laser, les solutions maritimes (la filiale Gibbs & Cox est un leader de l’architecture navale et de l’ingénierie marine), les services logistiques, le soutien aux missions, l’analyse de données, Un exemple concret d’application est le Joint All-Domain Command and Control (JADC2) qui est un moyen de connecter les capteurs de toutes les branches des forces armées dans un réseau unifié. 

Par ailleurs, Leidos est présent dans le domaine civil (24% des revenus) à travers la modernisation des infrastructures, des systèmes de sécurité complets pour les aéroports, les ports et autres lieux critiques ainsi que des outils de contrôle du trafic aérien, des scanners à bagages, des détecteurs d’explosifs et des moyens d’inspection mobile pour les douanes américaines. Dans la santé (20%), le groupe aide à la gestion des services de santé, l’intégration de dossiers électroniques et la modernisation numérique dans les hôpitaux. 

Qu’en est-il des finances ?  

Globalement, les comptes sont bons. La croissance est forte, le CAGR sur 10 ans ressort à 11,5%. Les marges sont faibles (inférieures à 10%) mais ont eu tendance à progresser lors des derniers exercices, en dépit d’une année 2023 plus compliquée. Les perspectives pour les prochains exercices sont bonnes grâce à la hausse des budgets militaires du gouvernement américain et surtout à la modernisation numérique en cours pour la sécurité nationale. 

4/ Booz Allen 

Booz Allen est l’une des plus anciennes entreprises de conseil en management. A la fin des années 1950, le Time Magazine parlait de Booz Allen par ces termes : “le plus grand et le plus prestigieux cabinet de conseil de gestion au monde”. L’activité a peu changé depuis. 

Que fait Booz Allen ? 

Booz Allen fournit des services de conseil en gestion et en technologie au gouvernement américain dans les domaines de la défense, du renseignement et des marchés civils. Concrètement, la société réalise diverses analyses économiques et commerciales, de technologies de l’information, d’analyse des opérations, de modélisation et de simulation, d’organisation, etc. 

Plus de 95% du chiffre d’affaires provient du gouvernement américain. Les clients du secteur de la défense comme les armées, la marine et la NASA représentent 45% des revenus. Ceux du civil, avec la sécurité intérieure, la justice, les affaires des anciens combattants, 30%. Les unités du renseignement comptent pour 18% et le reste 3%. 

Qu’en est-il des finances ?  

Booz Allen peut aisément être considérée comme une société de qualité. Les revenus progressent lentement mais sûrement, tout comme les marges en dépit d’un accident de parcours en 2022. La génération de liquidités est très forte avec les flux de trésorerie disponibles qui sont régulièrement supérieurs au résultat net. On appréciera aussi la gestion de ces mêmes liquidités puisque les retours aux actionnaires sont présents (dividendes en hausse depuis 10 ans et légers rachats d’actions), mais pas excessifs. Enfin, le titre a bien grimpé ces derniers mois, dopé par des perspectives enthousiastes. La visibilité sur les prochains trimestres justifie ce beau parcours. 

5/ CACI International

Fondé en 1962 et riche de 23 000 employés, CACI International connaît l’un des parcours boursiers les plus épatants du secteur depuis de nombreuses années. 

Que fait CACI ? 

L’entreprise fournit des capacités qui permettent les opérations internes des agences gouvernementales. Ces capacités incluent par exemple le développement de logiciels, l’analyse de données, la modernisation de systèmes, la cybersécurité, des missions d’ingénierie navale, de soutien aux opérations spéciales, des solutions pour le renseignement et la guerre électronique, des technologies de communication sophistiquées, etc. 

Qu’en est-il des finances ?  

La demande est alimentée par la complexité croissante des réseaux et des systèmes d'information et par le besoin de rester à jour avec les technologies émergentes ainsi que les besoins en termes de sécurité et de performance. Les chiffres sont bons. Comme Booz Allen, la croissance est lente mais satisfaisante. On soulignera la robustesse du bilan puisque l’endettement est parfaitement maîtrisé. La progression des bénéfices par action est forte et devrait se poursuivre lors des exercices à venir. 


Principaux acteurs mondiaux de la défense (source : Statista) 

Sur ce sujet, retrouvez ici la première partie.