(Actualisé avec nouvelles réactions)

PARIS, 13 janvier (Reuters) - La note souveraine de la France a été abaissée d'un cran de AAA à AA+ par Standard & Poor's vendredi. L'agence de notation n'exclut pas une nouvelle dégradation d'un cran en 2012 ou 2013 si les finances ne se redressent pas.

LE POINT sur la note souveraine de la France

Voici les réactions de professionnels de marché recueillies par Reuters vendredi sur le sujet :

Réaction après l'annonce de S&P:

* FABRICE SEIMAN, PRESIDENT, LUTETIA CAPITAL

"S&P a entièrement raison, La France paye le résultat de 30 ans d'irresponsabilités dans la gestion des finances publiques."

"Les responsables politiques français de droite comme de gauche n'ont pas été à la hauteur en ne prenant pas les mesures qui imposaient de réduire les dépenses."

"Il faut arrêter une ligne de crête à partir de laquelle il n'y aura plus de déficits."

Réactions recueillies avant l'annonce de S&P:

* JEREMY GAUDICHON, GÉRANT, KBL RICHELIEU

"Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la France. Mais la dégradation des Etats-Unis l'été dernier a confirmé que l'on pouvait vivre sans triple A et encore bénéficier de taux (d'intérêt) très bas. Nous ne devrions donc pas surestimer cette nouvelle. Bien sûr ce n'est pas une bonne nouvelle, mais ce n'est pas dramatique."

* FABRICE COUSTÉ, DIRECTEUR, CMC MARKETS FRANCE

"Cette dégradation résulte de la trajectoire des finances publiques, les plans d'austérité n'ayant pas convaincu. On attend son officialisation qui devrait vraisemblablement tomber après la clôture de Wall Street.

"Plusieurs question se posent: va-t-il y avoir un découplage entre les pays au sein de la zone euro ? Cela pourrait fragiliser le FESF.

"Moody's pourrait maintenir réagir plus promptement et aller dans le même sens que S&P alors qu'il y a eu un débat autour de la position de Fitch."

* BENOÎT PELOILLE, STRATEGISTE, NATIXIS

"Une dégradation de la France est de nature à entraîner une hausse du taux de la France sur les marchés. On estime qu'une hausse de 100 points de base se traduit par un surcoût pour la France de 2 milliards d'euros par an.

"Néanmoins, l'impact pourrait être limité dans la mesure où le taux 10 ans de la France s'est déjà considérablement écarté de celui de l'Allemagne (128 points de base) ce qui signifie que le marché s'attend déjà à une dégradation d'un cran de la note française.

"L'impact serait plus violent dans l'hypothèse où les agences de notations dégradaient la France de plus d'un cran. L'impact le plus dommageable, serait notamment la perte du AAA du fond de stabilité européen qui est conditionné au AAA de ses principaux contributeurs, à savoir l'Allemagne, la France et les Pays Bas. Mais là encore, même chose, le marché accorde déjà peu de crédibilité au FESF."

* RENAUD MURAIL, GÉRANT, BARCLAYS BOURSE

"ça sent vraiment le réchauffé, la nouvelle on la connaît maintenant depuis plusieurs semaines. C'est vraiment un non-événement.

"En plus, la dégradation ne serait que d'un cran. Le déblocage du financement de pays périphériques comme l'Espagne ou l'Italie est plus important pour le marché que la dégradation de la France."

* MIKE RIDDELL, GÉRANT OBLIGATAIRE, M&G

"C'est une surprise que le marché soit surpris, les obligations souveraines françaises se négocient à un niveau suggérant que la France est loin d'être un pays noté triple A depuis plus de trois mois.

"Si l'on regarde le marché des dérivés de crédit, le coût de la protection contre un défaut sur la dette française est plus élevé que celui contre un défaut du Pérou, la Colombie, le Brésil, les Philippines et l'Indonésie."

* ALEXANDRE BARADEZ, ANALYSTE DE MARCHÉ, SAXO BANQUE

"Selon la rumeur, ces dégradations interviendraient entre 19h et 20h.

"Il y a une très forte probabilité pour que la note française ne soit dégradée que d'un cran, à AA+. Si c'est le cas, ce serait un moindre mal et le marché pourrait rebondir lundi. Après avoir vendu la rumeur, il achèterait ainsi la nouvelle...

"Les craintes du marché résident dans le nombre de crans de la dégradation."

* ADRIEN FUCHS, ASSOCIÉ GÉRANT, DTAM

"Une dégradation de la note française est déjà en partie actée. Ce qu'il faut regarder, c'est la direction et la vitesse du changement de notation.

"Le prochain gouvernement devrait faire en sorte que la France, soit conserve son triple A, soit parvienne à ne pas descendre en dessous de AA+.

"2011 a sonné le glas de la stratégie des Etats consistant à rembourser de la dette par de la dette."

* TRADER EN POSTE À PARIS

"La dégradation de la note américaine n'a rien changé, et l'on attend celle de la France depuis plusieurs mois maintenant. AA devient dans le monde actuel l'équivalent du AAA dans le précédent." (Alexandre Boksenbaum-Granier, Matthias Blamont, avec Claire Watson, édité par Marc Joanny)