Francfort (awp/afp) - Très attendue à l'heure où l'épidémie de Covid-19 se prolonge en Europe, la Banque centrale européenne a présenté jeudi de nouvelles actions pour soutenir l'économie. Voici les principales mesures annoncées.

Prolonger les rachats de dettes

Le BCE a décidé d'augmenter ses rachats de dettes publiques et privées, qu'elle considère comme son arme la plus puissante pour sortir l'économie engluée dans une conjoncture fragile et une inflation atone.

Son "bazooka" dégainé en mars, le programme d'urgence face à la pandémie, fort de 1.350 milliards d'euros et connu sous l'acronyme "PEPP" (Pandemic emergency purchase programme), a été prolongé de neuf mois, soit jusqu'en mars 2022.

Sa dotation, augmentée de 500 milliards d'euros, est portée à 1.850 milliards d'euros. A ce jour, 750 milliards de cette enveloppe ont été utilisés.

Jusqu'à présent, l'écrasante majorité du "PEPP" (90%) a été consacrée à des rachats de dettes publiques.

L'autre programme anti-crise plus ancien, le "QE" ("Quantitative Easing", "Assouplissement quantitatif") réactivé en novembre 2018, a lui été maintenu à son rythme mensuel de 20 milliards d'euros, sans date butoir.

La BCE, qui détenait début décembre plus de 3.650 milliards d'euros de dettes privées et publiques à son bilan, entend encore gonfler ce stock afin de maintenir de bonnes conditions financières sur les marchés.

La BCE souhaite aussi réinvestir des titres arrivant à échéance jusqu'à au moins la fin 2023, un an de plus qu'auparavant, afin de continuer à peser sur l'évolution des coûts du crédit.

Soutenir le crédit

Les banques vont continuer à bénéficier de prêts géants et ciblés (dits TLTRO), à des taux très avantageux, à condition qu'elles prêtent à leur tour aux ménages ou aux entreprises.

Pour éviter une vague de faillites liées à l'épidémie, de nouvelles vagues de prêts seront opérées de mars à décembre 2021, après la série en cours finissant en juin 2021.

Pour les prêts en cours, la période pendant laquelle le taux de prêt le moins cher s'appliquera a été prolongée d'un an, soit jusqu'en juin 2022.

Les banques qui prêteront assez d'argent aux acteurs économiques pourront continuer à emprunter à la BCE à un taux jusqu'à 50 points de base inférieur à celui du taux de dépôt, maintenu à -0,50%, son plus bas historique.

Résultat : les banques recourant au TLTRO seront de fait rémunérées par la BCE quand elles prêtent de l'argent.

La BCE va par ailleurs lancer en 2021 quatre opérations de prêts sur un an et sans conditions, en réponse à l'urgence créée par la pandémie et qu'elle désigne par l'acronyme "PELTRO", afin de "soutenir les conditions de liquidité" et assurer le "bon fonctionnement des marchés monétaires" en zone euro tant que la pandémie durera.

Taux inchangés

L'institution a laissé ses taux inchangés, notamment le "taux de dépôt" qui s'applique aux liquidités que les banques choisissent de lui confier, plutôt que de les distribuer sous forme de crédits. Celui-ci a été maintenu à -0,50%.

Le taux directeur servant dans le refinancement des banques à court terme a lui été maintenu à zéro, niveau auquel il campe depuis 2016.

La BCE se laisse toutefois la possibilité de nouvelles baisses, pour inciter encore plus fortement les banques à prêter aux ménages et aux entreprises.

Consciente que son taux négatif sur les dépôts rogne les marges des banques, la BCE exonère déjà de prélèvements une partie des liquidités en excès, selon un système de "paliers" inauguré en septembre 2019.

La partie dispensée des taux négatifs est demeurée jeudi à six fois le volume des réserves obligatoires constituées par les banques pour faire face aux retraits de leurs clients.

La mesure profite principalement aux banques allemandes et françaises, aujourd'hui les plus pénalisées par les taux négatifs.

afp/al