Comme Pernod Ricard, le numéro deux français du secteur est touché par un tassement de la consommation, lié au ralentissement économique du pays et aux mesures anti-corruption prises par les autorités de Pékin.

"Nous attendons un premier semestre médiocre, car les stocks sont élevés après le nouvel an chinois. Nous allons freiner nos exportations vers la Chine", a déclaré mardi Jean-Marie Laborde, directeur général de Rémy Cointreau, lors d'une conférence consacrée aux résultats annuels du groupe.

La croissance a fortement ralenti dans les circuits traditionnels (banquets, établissements fréquentés par les personnes d'âge mûr), où les eaux-de-vies les plus chères et les plus rentables ne coulent plus à flot.

À l'inverse, la consommation reste dynamique, selon Jean-Marie Laborde, dans les clubs prisés des jeunes générations, qui représentent les plus gros volumes vendus par le groupe en Chine mais qui sont moins rentables.

"Cette nouvelle politique en Chine pénalise surtout les variétés haut de gamme (XO), ce qui devrait ralentir la progression du mix-prix cette année", commentent les analystes de Liberum Capital.

Cette prévision pèse sur le titre Rémy Cointreau, qui limite cependant sa baisse à 0,8% à 86,05 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en repli de 1,9%.

Jean-Marie Laborde a tenu à préciser n'avoir "aucune inquiétude" sur l'avenir du cognac en Chine, où le ralentissement est selon lui purement conjoncturel.

NOUVEAUX RECORDS

Ailleurs, les promesses de croissance résident aux Etats-Unis, en Europe de l'Est, mais aussi en Afrique.

Malgré un ralentissement au deuxième semestre, Rémy Cointreau a signé de nouveaux résultats annuels records (exercice clos en mars). L'opérationnel courant a grimpé de 18% à 245,4 millions d'euros (consensus Thomson Reuters de 249 millions), en croissance de 12,3% à taux et périmètre constants.

Le cognac Rémy Martin (60% des ventes) a encore une fois tiré les profits, avec un résultat opérationnel courant en hausse de 18,6% à périmètre et taux constants (à 216,6 millions d'euros) pour une marge record de 30,1% malgré des dépenses marketing et publicitaires accrues.

À l'inverse, le résultat dans les liqueurs et spiritueux (rhum Mount Gay, Cointreau, Metaxa) a accusé une baisse de 16,7% à 45,2 millions, que le groupe explique par des dépenses marketing allouées à Mount Gay et Metaxa, très exposés aux marchés européens en crise.

Le résultat net progresse de 17,7% à 130,4 millions d'euros, après une charge pour dépréciation d'actifs de 15,9 millions sur le chinois Dynasty Fine Wines, dont Rémy détient 27% du capital et qui a suspendu la publication de ses comptes en mars.

par Pascale Denis