La procédure devant la Cour d'appel fédérale d'Ottawa est la dernière tentative du bureau antitrust de tuer l'accord, en affirmant que la transaction réduira la concurrence dans le secteur des télécommunications au Canada, où les factures de téléphonie mobile sont parmi les plus élevées au monde.

Mais le bureau n'a pas réussi à convaincre le tribunal de la concurrence, un quasi-tribunal qui traite les litiges relatifs aux fusions, que l'accord est préjudiciable aux consommateurs canadiens. L'accord a été approuvé le 30 décembre.

Annoncé il y a près de deux ans, l'accord est devenu un test de la capacité du bureau de la concurrence à accroître les choix des consommateurs au Canada, où une poignée de sociétés contrôlent de larges pans d'activités.

L'enjeu est l'une des plus grandes opérations de fusion et d'acquisition jamais réalisées au Canada, ainsi que des millions de dollars en frais de conseil juridique et financier. Les investisseurs ont surveillé de près l'issue de l'opération et les actions de Shaw ont grimpé ces derniers mois en raison de l'optimisme quant au succès de l'opération.

Rogers a proposé de vendre l'unité Freedom Mobile de Shaw à Vidéotron de Quebecor pour 2,85 milliards de dollars canadiens afin de répondre aux préoccupations en matière de concurrence, mais le bureau de la concurrence a fait valoir qu'une fusion Rogers-Shaw n'aurait pas de concurrent viable en Quebecor. Shaw et Rogers ont l'intention de finaliser la transaction d'ici le 31 janvier, bien que l'échéance puisse être prolongée en accord avec Quebecor.

"Je pense que l'appel va être rejeté", a déclaré Michael Osborne, avocat spécialisé en droit de la concurrence au cabinet d'avocats Cozen O'Connor. "Je pense que c'est un mauvais appel. Pour cette raison, je pense que la Cour d'appel fera en sorte de le faire à temps pour que les parties puissent conclure."

Un porte-parole du bureau de la concurrence a refusé de faire des commentaires pendant que l'affaire était devant le tribunal.

On ne sait pas si l'audience de mardi donnera lieu à un verdict le jour même. Le ministre canadien de l'Industrie, François-Philippe Champagne, qui a le dernier mot dans cette affaire, a déclaré qu'il ne rendrait une décision distincte qu'après avoir obtenu "la clarté sur le processus juridique en cours".

"Il est possible que la CAF entende les arguments (du bureau de la concurrence) et rende sa décision sans même écouter les entreprises ou que l'audience suive son cours le 24 janvier avec une décision du tribunal à la fin", ont déclaré les analystes de la Banque Nationale du Canada dans une note la semaine dernière.

Ils ont noté que le bureau pourrait également faire appel auprès de la Cour suprême et aurait 60 jours pour le faire, mais M. Osborne a déclaré que la possibilité de poursuivre l'appel dépendait de l'issue de l'audience.

"Si la Cour d'appel fédérale rejette cette affaire depuis le banc le jour de l'appel, la probabilité qu'ils obtiennent l'autorisation de la Cour suprême n'est pas bonne", a déclaré Osborne.