PARIS, 5 janvier (Reuters) - Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire dans le sillage d'un article de Mediapart évoquant des défaillances présumées des services de renseignement en lien avec l'attaque de juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), a-t-on appris vendredi soir de source judiciaire.

L'enquête, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a été ouverte après qu'une plainte a été adressée au parquet par l'avocat d'une des parties civile, précise-t-on de même source.

Elle a été ouverte des chefs de faux, usage de faux, et altération de documents de nature à faciliter la découverte d'un crime ou d'un délit ou la recherche des preuves, par une personne concourant par ses fonctions à la manifestation de la vérité, selon cette même source.

Dans un article publié jeudi soir, Mediapart évoque un "raté" des services de renseignement concernant l'assassinat du père Jacques Hamel par deux djihadistes le 26 juillet 2016, qui avait été revendiqué par l'Etat islamique.

Selon Mediapart, la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) a eu connaissance de messages de l'un des deux tueurs du père Hamel quelques jours avant l'attaque, une note ayant été rédigée à ce sujet le 22 juillet 2016. Toujours selon le site d'informations, cette note aurait été postdatée par la suite, après l'attaque.

Dans un communiqué diffusé vendredi matin, la préfecture de police de Paris déplore que l'article de Mediapart "donne à croire que (...) le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray aurait pu être évité".

La préfecture précise dans ce communiqué que cette note "qui ne comportait pas de caractère d'urgence et s'inscrivait dans le travail de détection quotidien du service" n'évoque "en aucun cas (...) l'imminence d'un passage à l'acte, et encore moins le ciblage d'un lieu précis".

Elle précise qu'une nouvelle note datée du 26 juillet a été rédigée, le rédacteur de la première note ayant "immédiatement fait le lien avec l'individu qu'il avait identifié", après la survenue de l'attaque.

"Les deux documents originaux, enregistrés et traçables dans les serveurs de la DRPP, sont à disposition de toutes les autorités administratives et judiciaires", précise la préfecture dans son communiqué.

(Emmanuel Jarry, édité par Myriam Rivet)