(Actualisé avec éléments biographiques)

KABOUL, 26 avril (Reuters) - Le second tour de l'élection présidentielle en Afghanistan opposera l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, arrivé en tête du premier tour, à l'économiste Ashraf Ghani, selon les résultats préliminaires diffusés samedi.

Abdullah, ancien conseiller d'Ahmad Shah Massoud, est crédité de 44,9% des voix exprimés le 5 avril par la commission électorale indépendante après dépouillement de la totalité des bulletins de vote. Ghani, anthropologue de formation passé par la Banque mondiale, obtient lui un score de 31,5%.

Zalmay Rassoul finit à la troisième place, avec 11,5%. Des contacts ont d'ores et déjà été noués avec l'équipe de campagne d'Abdullah, selon des sources proches du candidat évincé du second tour.

"Il s'agit d'un résultat préliminaire et la commission des plaintes électorales va s'en saisir et travailler dessus. Dès qu'ils nous feront part de leurs conclusions, nous les annoncerons", a souligné le président de la commission électorale, Ahmad Yousuf Nuristani, lors d'une conférence de presse à Kaboul.

Les résultats définitifs seront connus le 14 mai. D'ici là, les autorités vont enquêter sur plusieurs centaines de milliers de bulletins litigieux qui ne devraient pas, même s'ils étaient comptabilisés, permettre à Abdullah Abdullah de franchir les 50%, synonyme d'une élection dès le premier tour.

Selon le président de la commission électorale, le second tour pourrait avoir lieu le 7 juin.

Le président sortant, Hamid Karzaï, ne pouvait se porter candidat à sa succession après deux mandats successifs.

En 2009, il avait été réélu sans que le deuxième tour ne soit organisé: Abdullah Abdullah, pourtant qualifié, y avait renoncé en raison, disait-il, des risques de fraudes massives.

Cet ophtalmologue de formation, qui a combattu l'occupation soviétique des années 1980 au côté de Massoud dans la vallée du Panshir, a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères de la chute des taliban, en 2001, à 2006.

Bien qu'à moitié pachtoune, Abdullah Abdullah trouve l'essentiel de ses soutiens dans la communauté tadjike, la deuxième du pays, dont il s'est fait un défenseur.

Le Pachtoune Ashraf Ghani est quant à lui un intellectuel renommé qui a suivi des études d'anthropologie aux Etats-Unis et a vécu près d'un quart de siècle loin de son pays. Il y a fait son retour une fois les taliban partis.

Passé notamment par la Banque mondiale, il a quitté ses postes dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 et de l'intervention américaine en Afghanistan pour devenir conseiller d'Hamid Karzaï. (Jeremy Laurence et Mirwais Harooni; Henri-Pierre André et Simon Carraud pour le service français)