(Ajout de détails et d'un rapport sur la mort d'une personne lors d'une manifestation, ainsi que d'une citation du chef de l'opposition aux paragraphes 4 à 6)

par Ngouda Dione et Cooper Inveen

DAKAR, 9 février (Reuters) - Des affrontements ont opposé vendredi les forces de sécurité sénégalaises et des manifestants à Dakar et dans d'autres villes du pays alors que des rassemblements étaient organisés pour protester contre le report de l'élection présidentielle.

Il s'agit des premières manifestations d'importance depuis que le président Macky Sall a annoncé il y a une semaine le report sine die de l'élection présidentielle, qui devait se tenir le 25 février.

Les forces de sécurité sénégalaises ont eu recours à des grenades lacrymogènes et assourdissantes et tiré ce qui semblait être des balles en caoutchouc pour disperser des centaines de personnes qui protestaient dans les rues de Dakar, a constaté un journaliste de Reuters.

Un étudiant a été tué dans la ville de Saint-Louis, dans le nord du pays, a déclaré le chef de l'opposition Khalifa Sall dans un message publié en ligne.

Reuters n'a pas immédiatement été en mesure de vérifier cette information. Un représentant de l'université où était inscrit l'étudiant n'a pas répondu à une demande de commentaire.

"Le coeur de tous les démocrates saigne après ces affrontements provoqués par la suspension injustifiée du processus électoral", a déclaré Khalifa Sall, qui a qualifié les récents événements de "coup d'Etat institutionnel"

A Dakar, des manifestants ont brandi des drapeaux sénégalais, tandis que d'autres scandaient "Macky Sall est un dictateur".

"Nous sommes prêts à donner notre vie pour que le peuple soit libéré, pour que le Sénégal se débarrasse de Macky Sall", a déclaré un manifestant qui se tenait près d'une pile de pneus enflammés.

Des affrontements ont également opposé police et manifestants dans d'autres villes du Sénégal, notamment à Touba, dans le centre du pays, à Thiès, à l'est de Dakar, à Richard Toll, dans le nord du pays, et à Kolda, dans le sud, selon des habitants et des messages diffusés sur les réseaux sociaux.

Macky Sall, qui s'est engagé à ne pas briguer un troisième mandat lors du scrutin, a justifié son report par des différends sur des candidatures et des accusations de corruption présumée à l'encontre de deux membres du Conseil constitutionnel. (Avec la contribution de Diadie Ba, rédigé par Nellie Peyton et Alessandra Prentice; version française Camille Raynaud)