(Complété avec bilan actualisé, communiqué Maison blanche)

BAGDAD, 22 décembre (Reuters) - Une dizaine d'explosions ont frappé jeudi des quartiers chiites de Bagdad, faisant au moins 72 morts et 217 blessés moins d'une semaine après le retrait des derniers soldats américains, a annoncé le ministère de la Santé.

Ces attaques coordonnées contre la communauté chiite sont le signe supplémentaire d'un regain de tension en pleine crise entre chiites et sunnites au sommet de l'Etat. (Lire )

"Le moment et les lieux choisis pour ces attaques confirment (...) la nature politique des cibles", a déclaré le Premier ministre chiite Nouri al Maliki, dans un communiqué.

Des mines ont explosé dans la matinée dans les quartiers d'Amil, Alaoui, Chaab et Choula. Une voiture piégée a également explosé à Doura, dans le sud de Bagdad, et un kamikaze a fait exploser une ambulance près d'un bâtiment gouvernemental du quartier de Karrada.

"On a entendu le bruit d'une voiture, puis des freins, puis une énorme explosion. Toutes nos vitres et nos portes sont explosées, de la fumée noire a envahi l'appartement", a raconté Maysoun Kamal, habitant d'une résidence proche du lieu de l'explosion.

C'est dans ce quartier commerçant que le bilan semblait le plus lourd, s'élevant à 18 morts et 44 blessés selon une source hospitalière.

"Dans cette période difficile, les Etats-Unis se tiennent aux côtés de l'Irak en tant que partenaire stratégique et ami", a indiqué la Maison blanche dans un communiqué. "Les tentatives d'enrayer les progrès de l'Irak échoueront. Nous continuons d'appeler les dirigeants à s'unir pour faire face aux défis communs."

Les dernières attaques coordonnées en Irak remontaient au mois dernier. En octobre, des attentats dans une rue commerçante de Bagdad avaient fait 30 morts et de très nombreux blessés.

"Les auteurs de ces attaques cherchent à mettre en évidence le fragile équilibre religieux du système politique irakien", a déclaré l'analyste Matthew Henman.

Les autorités irakiennes sont aux prises avec l'insurrection de sunnites liés à Al Qaïda et de milices chiites, que Washington dit soutenues par l'Iran.

Le gouvernement multiconfessionnel irakien est plongé dans sa pire crise depuis sa formation il y a un an, quelques jours après le départ des troupes américaines.

Le Premier ministre chiite Nouri al Maliki demande au Kurdistan de livrer à la justice le vice-président sunnite Tareq al Hachemi, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour terrorisme.

Hachemi, qui rejette toute les accusations, accuse Maliki de complot avec l'aide de l'Iran chiite.

La minorité sunnite, dont était membre le dictateur Saddam Hussein, se sent marginalisée depuis l'arrivée au pouvoir de la majorité chiite dans la foulée de l'invasion américaine de 2003. (Kareem Raheem et Asil Kami; Gregory Schwartz, Clément Guillou, Hélène Duvigneau et Marine Pennetier pour le service français)