* Hollande propose un dialogue politique avec une partie "acceptable"

* Il évoque une solution politique dans les prochaines semaines

* Poutine estime que la proposition pourrait être "entendue" (Actualisé avec Hollande)

par Julien Ponthus

MOSCOU, 28 février (Reuters) - François Hollande a évoqué jeudi à Moscou la possibilité d'une résolution politique du conflit syrien dans les prochaines semaines, prônant un dialogue entre l'opposition et une "partie acceptable" du régime au pouvoir à Damas.

Ce conflit, qui constitue une pomme de discorde entre la France et la Russie, allié de Bachar al Assad, a été évoqué lors de la rencontre entre le président français et son homologue russe Vladimir Poutine au Kremlin.

"Nous souhaitons le dialogue politique, nous considérons que ce dialogue doit trouver une forme nouvelle pour que toutes les parties s'y retrouvent", a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse commune. "Nous devons imaginer un dialogue politique qui fasse que l'opposition puisse discuter avec une partie qui puisse être acceptable."

"Nous verrons dans les prochains jours comment donner une traduction" à cette volonté, a-t-il ajouté.

Ces propos ont été tenus à un moment où des membres des deux camps ont émis le souhait de dialoguer pour trouver une issue à un conflit qui a fait plus de 70.000 morts selon l'Onu.

Le président de la Coalition nationale syrienne Moaz Al Khatib, qui fédère les mouvements d'opposition, s'est dit désireux d'avoir des pourparlers de paix avec les représentants du régime dans les zones du Nord tenues par les rebelles.

L'objectif de ces discussions serait de permettre à Bachar al Assad de quitter le pouvoir avec le "minimum d'effusion de sang et de destruction", a précisé Moaz Al Khatib, qui s'est ainsi attiré des critiques dans son propre camp.

Le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haidar, s'est déclaré la semaine dernière pour la première fois disposé à dialoguer avec des organisations de l'opposition.

Le médiateur international Lakhdar Brahimi avait saisi la balle au bond en proposant que des pourparlers s'engagent dans des locaux des Nations unies entre "une délégation acceptable" du régime syrien et les insurgés.

POUTINE PRÊT À "ENTENDRE"

Le président français a indiqué qu'il comptait sur la Russie pour jouer tout son rôle pour résoudre le conflit qui, selon les deux hommes, ne doit en aucun cas entraîner la scission du pays.

"Il y a besoin de la Russie pour trouver une issue politique qui est attendue depuis trop longtemps", a-t-il déclaré à la presse française. "Nous avons maintenant, avec le président Poutine, la même conviction qu'il faut hâter, accélérer la transition politique", a-t-il dit, reconnaissant néanmoins des "nuances" sur le dossier avec son homologue russe.

Vladimir Poutine s'est montré peu disert sur le sujet lors de la conférence de presse commune, mais a reconnu que les propositions françaises pourraient être "entendues" .

"Nous avons une position de principe qui est toujours que nous sommes pour des gouvernements légitimes", a-t-il dit.

"Sans une bonne bouteille de vin et une bouteille de vodka, on n'arrivera pas à trouver une position commune. Mais je crois que lors de la discussion, le président de la République a formulé des propositions qui pourraient être entendues par les partenaires, on pourrait essayer de les mener à bien."

Plus tard, devant des hommes d'affaires français, le président français a estimé que les choses avaient avancé dans les pourparlers avec la Russie.

"Il y a encore un bout de chemin à faire, mais qui n'est pas si long si nous savons approuver une initiative, cette initiative pourrait être d'aller chercher une personnalité qui pourrait avoir la confiance du régime et de l'opposition syrienne et qui pourrait ainsi évoquer l'après", a-t-il dit.

François Hollande avait déclaré plus tôt sur une radio moscovite qu'il espérait qu'une solution politique puisse intervenir d'ici quelques semaines pour mettre fin à un conflit

"Je pense que d'ici quelques semaines, nous pouvons être capable de trouver une solution politique", a-t-il dit dans un entretien avec la radio d'opposition Echo de Moscou.

Parallèlement, les "Amis de la Syrie", qui se sont réunis jeudi à Rome, ont promis d'accroître l'aide politique et matérielle à l'opposition syrienne et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes au gouvernement de Bachar al Assad. (Avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)