Le produit intérieur brut a augmenté de 0,5% dans les trois mois de juillet à septembre par rapport au trimestre précédent, en raison d'une hausse modérée des dépenses de consommation et d'investissement et d'une contribution négative des exportations. L'expansion économique avait atteint 0,9% en rythme trimestriel entre avril et juin.

En rythme annualisé, la croissance du produit intérieur brut ressort à +1,9%, nettement moins qu'au deuxième trimestre (+3,8%) et au premier trimestre (+4,3%).

Ce quatrième trimestre consécutif de croissance -la période la plus longue de croissance au Japon depuis trois ans- démontre le succès à court terme des "Abenomics" -référence aux "Reaganomics" des années 1980 aux Etats-Unis-, en particulier pour stimuler la demande des ménages.

Mais les chiffres publiés jeudi par le gouvernement montrent aussi la difficulté de traduire ce sentiment positif en investissements accrus pour les entreprises ou en salaires plus élevés, ce qui indiquerait que le monde des affaires table sur une croissance durable.

Depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2012, Shinzo Abe a mis en oeuvre d'ambitieuses réformes des politiques monétaire et budgétaire, avec pour effet une nette dépréciation du yen (-19% en un an), une envolée de la Bourse de Tokyo (+68% en un an) et un coup de fouet à la consommation des ménages. Son objectif est de parvenir à une croissance auto-entretenue et à mettre fin à quinze années de déflation dans l'archipel.

Mais les observateurs, comme les investisseurs, continuent de s'interroger sur la capacité du Premier ministre à engager des réformes structurelles difficiles -comme la faculté donnée aux entreprises de licencier plus librement- et à endiguer l'envolée de la dette publique.

La consommation privée, qui représente 60% de l'économie, a augmenté de 0,1% au trimestre à septembre, baissant nettement par rapport au trimestre avril-juin (+0,6%). Les ménages devraient toutefois dépenser davantage dans les mois à venir, avant la hausse de 5 à 8% de la TVA en avril.

La Banque du Japon a relevé sa prévision de croissance pour la prochaine année fiscale alors que le gouvernement prévoit un nouveau plan de relance massif de 5.000 milliards de yens (37 milliards d'euros) pour compenser l'impact de la hausse de la TVA. Les économistes s'attendent aussi à une amélioration des ventes vers les pays du Sud-Est asiatique.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français

par Stanley White et Tetsushi Kajimoto