Le consensus était univoque: Hillary devait remporter les élections haut la main.

Dans le très improbable scénario inverse, les taux longs US devaient se détendre, la nouvelle donne politique et économique -très incertaine- et la lourde correction de Wall Street devaient conduire la FED à repousser l'échéance d'une hausse de taux bien au-delà de l'investiture de Mr Trump le 20 janvier prochain.

Et lors du basculement du sort de l'élection en milieu de nuit, les T-Bonds ont effectivement vu leur rendement se détendre jusque vers 1,72% (-15Pts de base).
Mais avec la spectaculaire remontée des places boursières européennes, l'irrésistible ascension du $, les arbitrages se sont retournés en faveur des actions, au détriment très clairement des T-Bonds US qui se dégradent de 13Pts à 2,005% (test des 2% pour la 1ère fois depuis début janvier).

Rarement au cours de la décennie, un consensus n'a été déjoué avec une telle intensité: la victoire de Donald Trump n'était-elle pas présentée comme le pire cauchemar de Wall Street... et de la FED ?

Trump président, cela allait faire passer le 'Brexit' pour une simple péripétie, les marchés effectuant bien malgré eux un grand saut dans l'inconnu !

Son programme économique est jugé au mieux ridicule, au pire dénoncé sans relâche comme une catastrophe pour les USA et ses partenaires (protectionnisme, déficits abyssaux, animosité envers la FED, etc.).

Et voilà que les mêmes repoussoirs séduirait soudain les investisseurs et engendreraient un irrépressible appétit pour le risque... au détriment des placements refuges comme les T-Bonds ?

Et si Donald Trump n'applique pas son programme, que fera t'il à la place, en dehors de trahir ses promesses de campagne et se moquer de ses propres électeurs (il aurait alors raconté n'importe quoi pour se faire élire) ?

Ce matin même, les investisseurs pariaient comme un seul homme sur le report sine die d'une prochaine hausse de taux, ce soir, c'est le pari inverse avec la perspective d'une accélération du rythme de resserrement par la FED en 2017, stratégie rendue nécessaire par une croissance plus soutenue et surtout une vague de hausse des salaires promise par D.Trump.

Les bons du Trésor européens ont eux aussi inversé la vapeur, les Bunds remontant de 0,094% au plus bas vers 0,204% (et 0,18% la veille).
Nos OAT qui avaient clôturé à 0,49% mardi ont d'abord reflué vers 0,42% avant d'exploser vers 0,56%.

Les BTP italiens repassent de 1,71 vers 1,785%, les 'bonos' espagnols de 1,245% vers 1,31%, le '10 ans' portugais de 3,216 vers 3,296%.

Le tableau ne serait pas complet sans les 'Gilts' britanniques remontés de 1,238% vers 1,31% (alors que le 'Brixit' devient de plus en plus 'compliqué'.
Il risque d'être soumis à des procédures parlementaires et constitutionnelles imprévues, suite à une contestation des modalités de mise en oeuvre par l'Ecosse: de très longs mois perdus en perspective.

Voilà un autre dossier qui ouvre des perspectives inattendues tout en en refermant d'autres qui avaient été actées par les marchés... ce qui rajoute de l'incertitude côté britannique à l'incertitude côté US.
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