par Nobuhiro Kubo et Soyoung Kim

Le constructeur japonais n'a pas encore précisé quels modèles européens était concerné, ni le nombre exact des véhicules rappelés et le calendrier de l'opération, mais des médias et des analystes estiment qu'elle pourrait toucher deux millions de voitures sur le marché européen, en plus des quelque six millions déjà rappelés en Amérique du Nord.

Aux Etats-Unis, le groupe a interrompu mercredi la commercialisation et la production de huit de ses modèles, parmi lesquels la Camry, son plus gros succès sur ce marché.

L'action Toyota a perdu près de 4% jeudi à la Bourse de Tokyo, dont le constructeur est la première capitalisation, portant sa baisse depuis la semaine dernière à plus de 15%.

"Toyota a les moyens de rebondir mais il s'agit de la plus grave crise qu'il ait jamais eu à affronter et Ford, Hyundai et les autres l'attaquent de front", a commenté Jim Ziegler, un consultant spécialisé à Atlanta."

Aux Etats-Unis, le groupe a annoncé mercredi soir le rappel de 1,1 million de véhicules supplémentaires dont la pédale d'accélérateur menace de se coincer dans le tapis de sol, ce qui peut provoquer des accélérations subites et incontrôlées.

Le chiffre désormais évoqué de huit millions de véhicules rappelés dans le monde correspond pratiquement à celui des ventes mondiales du groupe en 2009.

MENACE FINANCIÈRE

En début de semaine, Toyota avait annoncé prévoir une hausse de 6% de ses ventes mondiales cette année, à 8,27 millions d'unités. Mais un porte-parole a reconnu jeudi que ce chiffre ne prenait pas en compte la suspension des ventes sur le marché nord-américain.

Pour les analystes, les conséquences financières de ce dossier pour Toyota dépendront de la durée de l'interruption de production et de l'impact final sur son image de marque.

Pour Koji Endo, analyste spécialisé d'Advanced Research Japan à Tokyo, "la suspension des ventes et de la production pourrait coûter à Toyota au moins 50 milliards de yens (395 millions d'euros) par mois en termes de bénéfice d'exploitation."

"Je prévois 100 à 200 milliards de yens de bénéfice d'exploitation cette année mais il pourrait tomber à zéro, voir se transformer en perte d'exploitation à cause de cette suspension des ventes et de la production", explique-t-il. Et "je suppose que Toyota souffrira davantage encore l'an prochain à cause des dommages subis en terme d'image".

Jusqu'à présent, les analystes anticipaient en moyenne un bénéfice d'exploitation de 599 milliards de yens pour l'exercice 2010-2011, qui débutera en avril.

L'agence de notation financière Fitch a placé la note du groupe sous surveillance avec implication négative.

"Cela pourrait remettre en cause le potentiel de redressement des ventes et de la rentabilité, notamment sur le marché américain", explique-t-elle.

La concurrence, elle, tente de profiter de la crise. General Motors offre ainsi jusqu'à 1.000 dollars de rabais et un crédit à taux zéro sur cinq ans aux possesseurs de Toyota qui opteraient pour l'un de ses modèles.

Les 14.000 salariés américains de Toyota concernés par les interruptions de production continueront de toucher leur salaire, a précisé le groupe japonais.

Avec Kevin Krolicki, John Crawley et Helen Massy-Beresford, version française Marc Angrand, édité par Dominique Rodriguez