(Actualisé avec gel de 200 millions de fonds pour la Syrie)

par Steve Holland

WEST PALM BEACH, Floride, 31 mars (Reuters) - Donald Trump souhaite un retrait rapide des troupes américaines déployées en Syrie, au risque de se confronter à nombre de hauts responsables de son administration.

Lors d'un discours prononcé jeudi à Richfield, dans l'Ohio, le président américain a déclaré, en s'appuyant sur les victoires de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique: "Nous allons quitter la Syrie très bientôt."

"Laissons les autres s'en occuper maintenant. Très bientôt, nous partirons", a poursuivi Donald Trump. "Nous allons revenir dans notre pays, chez nous, où nous voulons être."

Environ 2.000 soldats américains sont déployés en Syrie.

Dans ce contexte, le président a ordonné au département d'Etat de geler pour plus de 200 millions de dollars (160 millions d'euros) consacrés à la reconstruction de la Syrie, dit-on de source autorisée en confirmant une information du Wall Street Journal, le temps que son administration refasse le point sur le rôle des Etats-Unis dans la guerre civile syrienne.

Selon le quotidien financier, le président a gelé ces fonds après avoir lu un article de presse qui soulignait aux les Etats-Unis avaient récemment engagé 200 millions de dollars pour Syrie.

Cette somme a été promise en février par le chef démissionnaire de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, lors d'une réunion de la coalition internationale contre l'Etat islamique au Koweït.

"COMPLÈTEMENT IMPROVISÉS"

Jeudi, deux soldats de la coalition, un Américain et un Britannique, ont été tués par un engin explosif improvisé dans la région de Manbij, dans le nord de la Syrie. Il s'agit des premiers décès de membres de la coalition anti-EI dans une attaque depuis le début de l'année.

Deux responsables de l'administration, s'exprimant à Reuters sous le sceau de l'anonymat, ont confirmé vendredi que la question d'un retrait américain de Syrie faisait l'objet de délibérations en interne entre Trump et ses conseillers.

Le président américain, indique l'une de ces sources, dit clairement que "lorsque l'EI et ses reliquats auront été détruits, les Etats-Unis s'emploieront à ce que les pays de la région jouent un rôle plus important pour assurer la sécurité".

Une telle politique est cependant très loin d'être en place, a ajouté ce responsable.

Selon le deuxième responsable interrogé, les conseillers à la sécurité nationale du président sont favorables au maintien d'un petit contingent américain en Syrie pendant plusieurs années encore afin d'éviter que les djihadistes se réimplantent et que l'Iran n'y accroisse encore son influence.

Le dossier syrien a été abordé récemment lors d'une réunion à la Maison blanche mais aucune stratégie n'a encore été présentée à Trump. "Jusqu'ici, il n'a pas donné l'ordre de partir", a ajouté cette source.

Quatre responsables des départements d'Etat et de la Défense et de la CIA se sont dits surpris vendredi par les remarques de Donald Trump. Ces propos "semblent complètement improvisés", a déclaré un haut responsable du renseignement.

Ils n'ont pas exclu que ces commentaires du président s'inscrivent dans la mise en cause par Donald Trump de certains engagements des Etats-Unis auprès de l'Otan ou de son idée de faire payer par le Pentagone la construction d'un mur frontalier avec le Mexique. La plupart des conseillers à la sécurité nationale sont opposés à ces positions.

L'an dernier, Donald Trump avait lancé un débat similaire sur la question d'un retrait américain d'Afghanistan. Il a finalement ordonné de renforcer le contingent sur place en expliquant que sa nouvelle politique serait un "combat pour gagner" contre les taliban.

La position du président sur la Syrie pourrait contredire celle qu'affichait encore il y a quelques mois son nouveau conseiller à la sécurité nationale John Bolton, nommé il y a une semaine pour remplacer H.R. McMaster.

"Le califat en Syrie et en Irak a disparu, mais les activités terroristes de l'EIIL vont se poursuivre et l'Iran devient un acteur plus important dans la région", tweetait John Bolton le 20 octobre dernier. (Avec John Walcott et David Brunnstrom; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)