par Matt Spetalnick

WASHINGTON, 10 juin (Reuters) - Donald Trump devrait se rendre vendredi prochain à Miami en Floride, où vit une importante communauté cubaine, pour annoncer sa nouvelle politique envers Cuba, qui devrait revenir en partie sur l'ouverture voulue par son prédécesseur Barack Obama en matière de commerce et de déplacements, apprend-on auprès de spécialistes du dossier.

Les conseillers du président américain ont pratiquement terminé l'analyse des relations avec Cuba et devraient adresser leurs recommandations à l'équipe présidentielle chargée de la sécurité nationale dans les jours qui viennent, a déclaré un responsable américain ayant requis l'anonymat.

Il s'agirait pour Donald Trump d'annoncer une annulation partielle des mesures annoncées par Barack Obama.

Le président républicain ne devrait pas aller jusqu'à rompre les relations diplomatiques rétablies il y a deux ans par son prédécesseur démocrate entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide après plus de 50 ans d'hostilité, indique-t-on.

En fait, l'administration Trump est divisée sur les mesures à prendre. Le rapprochement avec Cuba est une opportunité pour les sociétés américaines, soulignent certains conseillers.

Mais d'autres font valoir qu'il est important de tenir les promesses faites aux Américains d'origine cubaine qui ont aidé les républicains à remporter la Floride lors de l'élection présidentielle de 2016.

Donald Trump pourrait annoncer l'interdiction pour les sociétés américaines d'être en affaires avec des entreprises cubaines liées à l'armée, laquelle contrôle une grande partie de l'économie cubaine, et un durcissement des règles pour les Américains voulant se rendre à Cuba, indique-t-on de source proche des discussions.

PRESSIONS

Dans une lettre adressée à Donald Trump vendredi, sept républicains estiment qu'annuler les mesures annoncées par Barack Obama "inciterait Cuba à dépendre à nouveau de pays comme la Russie et la Chine."

De hauts responsables du Conseil de sécurité nationale se sont réunis vendredi pour commencer à mettre au point une liste de recommandations, indique-t-on.

Les entreprises américaines du secteur des voyages et du tourisme ont clairement dit qu'elles ne voulaient pas d'un rétablissement des restrictions sur Cuba.

"Imposer une nouvelle réglementation sur les voyages et le commerce avec Cuba serait une mauvaise politique et mauvais pour les entreprises américaines", estime James Williams, président d'Engage Cuba, un groupe de lobbying basé à Washington.

Mais Trump est aussi l'objet de pressions des parlementaires américains d'origine cubaine, et notamment du sénateur Marco Rubio et du représentant Mario Diaz-Balart, pour revenir sur le rapprochement voulu par Barack Obama.

Marco Rubio, ainsi que qu'autres adversaires de Barack Obama, estiment que le président démocrate a trop donné au président cubain Raul Castro par rapport à ce qu'il a obtenu en retour, notamment en matière de droits de l'Homme.

Or, Marco Rubio, qui siège aux commissions des Affaires étrangères et du Renseignement du Sénat, est considéré par les conseillers de Trump comme une personnalité importante à ménager au moment où des membres du gouvernement font l'objet d'une enquête sur leurs contacts avec des responsables russes.

Les conseillers de Trump envisagent ainsi de faire en sorte que Cuba s'engage sur les droits de l'Homme et les libertés publiques si le régime communiste veut obtenir de nouvelles concessions de la part des Etats-Unis.

Un tel accent sur les droits de l'Homme contrasterait avec l'attitude adoptée par Donald Trump dans d'autres parties du monde où il a clairement dit que les Etats-Unis cesseraient de faire la leçon aux autres pays sur le sujet.

"Trump, ami de Poutine, Sissi, Salman, Duterte, Erdogan, invoquera les droits de l'Home pour justifier de faire du tort au peuple cubain", a tweeté Ben Rhodes, ancien conseiller adjoint à la Sécurité nationale de Barack Obama et architecte de sa politique de détente envers Cuba, en invoquant les chefs d'Etat russe, égyptien, saoudien, philippin et turc. (Danielle Rouquié pour le service français)