ANKARA, 9 mars (Reuters) - La justice turque a ordonné vendredi la remise en liberté, le temps de leur procès pour subversion, de deux journalistes poursuivis pour leurs liens présumés avec le prédicateur en exil Fethullah Gülen, qu'Ankara considère comme le cerveau du putsch manqué de juillet 2016.

Murat Sabuncu, rédacteur en chef du journal Cumhuriyet, et l'écrivain Ahmet Sik ont pu ainsi recouvrer la liberté, a déclaré un avocat de la cour. Le journal a cependant dit que son avocat, Akin Atalay, était maintenu en détention en l'attente de la prochaine audience, le 16 mars.

Les procureurs accusent Cumhuriyet d'avoir été un repaire de partisans de Gülen, ce que démentent le journal et le personnel qui se disent victimes d'une campagne pour réduire au silence les critiques visant le président Recep Tayyip Erdogan.

S'exprimant après sa libération, Murat Sabuncu a déclaré qu'il n'avait pas de raison d'être heureux dans la mesure où plusieurs journalistes restent en détention.

"Aujourd'hui, il n'y a pas lieu d'être heureux, mais un jour viendra où nous serons heureux dans notre pays", a-t-il dit.

Cent cinquante organes de presse ont été fermés et 160 journalistes ont été emprisonnés au total, selon la Fédération des journalistes turcs. Depuis le putsch manqué de l'été 2016, plus de 150.000 personnes ont été renvoyées ou suspendues à travers le pays, et 50.000 autres ont été arrêtées pour leurs liens présumés avec la mouvance güléniste. (Yesim Dikman; Eric Faye pour le service français)