(Actualisé avec précisions 8-9, réaction Trump 10-11)

par Richard Cowan

WASHINGTON, 10 octobre (Reuters) - Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a un peu plus pris ses distances avec Donald Trump, lundi, sans toutefois aller jusqu'à lui retirer totalement son soutien dans la course à la présidentielle.

Au lendemain d'un deuxième débat national jugé par la presse américaine comme "le plus affreux de l'histoire politique" des Etats-Unis, Paul Ryan a convoqué une conférence téléphonique d'urgence avec des élus du Grand Old Party.

L'objet de cette initiative était pour Paul Ryan d'expliquer qu'à 30 jours du scrutin du 8 novembre, il convenait de sauver ce qui pouvait encore l'être : la majorité dont bénéficie le GOP dans les deux chambres du Congrès.

Paul Ryan n'est pas allé jusqu'à dire qu'il considérait la présidentielle comme perdue mais il a confirmé que désormais Trump ne pouvait plus compter sur le soutien du parti et que lui ne défendrait ni Trump, ni sa campagne dans la période cruciale du dernier mois précédant l'élection.

Le leader républicain a toutefois nuancé l'abandon de Trump en précisant sur Twitter qu'il ne revenait pas sur son "endorsement", autrement dit son engagement personnel en faveur du candidat.

La stratégie des ténors du GOP semble désormais être d'empêcher le camp démocrate de réussir un grand chelem en novembre en conservant la présidence et en récupérant tout ou partie du Congrès.

Le mot d'ordre est de ne pas offrir un "chèque en blanc" à Hillary Clinton si elle succède à Barack Obama à la Maison blanche, précise-t-on de source républicaine.

Les parlementaires républicains s'inquiètent des conséquences négatives que la campagne du milliardaire pourraient avoir à la fois sur le Congrès dès le 8 novembre et au-delà sur le parti lui-même.

L'initiative prise lundi par Paul Ryan est extrêmement rare et traduit la crise qui touche le parti, la plus grave depuis des décennies.

DÉBAT CALAMITEUX

Fidèle à son habitude, Donald Trump n'a pas tardé à réagir appelant Paul Ryan à ne pas "perdre son temps" en s'opposant au candidat investi par son propre parti.

"Paul Ryan devrait passer plus de temps sur l'équilibre du budget, les emplois et l'immigration et ne pas le gâcher en s'opposant au candidat républicain", écrit Trump sur son compte Twitter.

La publication vendredi par le Washington Post d'une vidéo datant de 2005 dans laquelle Donald Trump tient des propos obscènes sur les femmes a achevé de lui aliéner la direction du Parti républicain, déjà hérissée par ses précédentes déclarations outrancières.

Près de la moitié des 332 sénateurs, représentants et gouverneurs républicains actuellement en place ont condamné les propos tenus par l'homme d'affaires dans cet enregistrement. Environ un dixième de ces élus (selon un décompte de Reuters) ont appelé à son retrait de l'élection présidentielle.

Un tel scénario n'a aucune chance d'aboutir, d'abord parce que Trump, conscient qu'il ne peut désormais compter que sur lui-même, a exclu l'idée de renoncer et ensuite parce que les opérations de vote par anticipation ont commencé dans certains Etats, posant un problème légal de remplacement d'un candidat.

Dominé lors du premier débat le 26 septembre, Donald Trump a choisi de passer à l'offensive dimanche soir lors du deuxième face à face contre Hillary Clinton.

Tous les observateurs ont souligné l'indigence des échanges entre les deux candidats, les attaques personnelles et les accusations réciproques d'incompétence prenant le pas sur les questions de fond.

Le duel a été marqué par une brutalité verbale peu commune qui rendait difficile la désignation d'un vainqueur. Un troisième débat est prévu le 19 octobre. (Avec Timothy Ahmann; Pierre Sérisier pour le service français)