par Tabassum Zakaria et Yann Le Guernigou

Le président George Bush, son homologue français Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont déclaré dans un communiqué commun au terme de leur rencontre de samedi à Camp David, la résidence de campagne des présidents américains dans le Maryland, qu'ils étaient convenus de consulter les autres dirigeants mondiaux la semaine prochaine concernant l'idée d'une série de sommets.

"Les dirigeants mondiaux seront consultés sur l'idée d'un premier sommet des chefs de gouvernement qui se tiendra aux Etats-Unis peu après les élections américaines", lit-on dans le communiqué commun.

Ce sommet-là visera à "examiner les progrès enregistrés pour faire face à la crise actuelle et à rechercher un accord sur le principe de réformes nécessaires pour éviter que se reproduise une telle crise et pour garantir la prospérité mondiale à l'avenir", lit-on.

"Les sommets suivants seront destinés à mettre en oeuvre un accord sur des mesures précises devant être prises pour concrétiser ces principes" .

Les dirigeants américain et européens ont estimé qu'il serait "trop ambitieux" de vouloir traiter toutes les questions lors d'un seul sommet, a déclaré Tony Fratto, porte-parole de la Maison blanche .

Fratto a dit ignorer si le nouveau président élu le 4 novembre - soit le démocrate Barack Obama, soit le républicain John McCain - serait invité à prendre part au premier sommet .

George Bush avait déclaré quelques heures plus tôt qu'il acceptait samedi d'accueillir "dans un avenir proche" le premier sommet mondial. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a proposé lui aussi d'accueillir au siège de l'Onu un tel sommet international sur la crise financière.

"Il est essentiel que nous oeuvrions ensemble parce que nous sommes ensemble dans cette crise", avait dit quant à lui Bush en accueillant Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso à Camp David.

"J'entends accueillir cette réunion dans un proche avenir", a-t-il dit en précisant qu'il avait déjà consulté le Premier ministre japonais Taro Aso, dont le pays est le président en exercice du G8.

"La crise est mondiale, il nous faut trouver une solution mondiale", a renchéri Nicolas Sarkozy, qui avait lancé l'idée de ce sommet le mois dernier à la tribune de l'Onu, avant de réitérer son souhait de le convoquer avant fin novembre.

HARO SUR LES PARADIS FISCAUX

"Nous, nous pensons qu'il doit se tenir rapidement, peut-être avant fin novembre et nous, nous pensons, puisque la crise est partie de New York, que la solution doit être trouvée à New York", a-t-il ajouté.

Les deux hommes ont chacun évoqué la nécessité de l'ouvrir aux économies émergentes, le président français revenant sur son idée de réunir un G8 élargi aux pays du G5 (Chine, Inde, Brésil, Mexique et Afrique du Sud).

Ils sont également tombés d'accord pour rejeter tout retour à un isolationnisme économique, qui, a dit Sarkozy, serait une "catastrophe" dans l'environnement actuel.

Soulignant qu'il parlait au nom des 27 pays de l'Union européenne, il a répété, comme il l'a déjà indiqué à plusieurs reprises, que ce sommet devait refonder les règles du capitalisme pour l'adapter au XXIe siècle.

"Nous sommes venus dire que nous voulons construire un monde nouveau, le monde du XXI siècle, que nous voulons le construire main dans la main avec vous", a-t-il dit à l'adresse du président américain.

La réponse à la crise sera "plus efficace si nous la trouvons ensemble, si nous la portons ensemble et si nous construisons ensemble le capitalisme de demain. Cette crise peut-être une opportunité si nous ne retombons pas dans les détestables attitudes du passé, qui nous ont conduits où nous en sommes", a-t-il ajouté.

Le président a ainsi de nouveau stigmatisé les hedge funds, les paradis fiscaux et "les institutions financières qui ne répondent à aucun contrôle", pour ajouter que "entre amis et entre alliés, on doit dire au monde qu'on est décidé à trouver la solution".

Bush a déclaré pour sa part qu'il ne s'agissait pas de "casser les principes économiques de base du capitalisme international. "Nous devons résister à la tentation dangereuse de l'isolationnisme économique et poursuivre les politiques d'ouverture des marchés qui ont amélioré les conditions de vie et aidé des millions de personnes à échapper à la pauvreté dans le monde", a-t-il dit.

"Pour que ce sommet soit réussi, nous devons recueillir les idées venant de tout le monde", a-t-il encore indiqué.

Version française Eric Faye