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par Susan Heavey et Lisa Lambert

WASHINGTON, 22 août (Reuters) - Donald Trump a réagi mercredi aux démêlés judiciaires de deux de ses anciens conseillers, Michael Cohen et Paul Manafort, en critiquant le premier et en défendant le second alors que ces affaires risquent de devenir un thème récurrent de la campagne des élections de mi-mandat prévues en novembre.

Dans une série de messages matinaux sur Twitter, le président américain a cherché à prendre ses distances avec son ex-avocat Michael Cohen qui fut longtemps un de ses proches avant que le milliardaire se lance dans la politique.

"Michael Cohen a plaidé coupable de deux chefs d'accusation de violations du financement électoral qui ne sont pas un délit", écrit Donald Trump sans être en mesure d'apporter d'éléments juridiques soutenant cette affirmation.

Dans un autre tweet, Donald Trump accuse son ancien avocat d'avoir "inventé des histoires dans le but d'obtenir un accord" avec la justice américaine.

Avant cela, il avait ouvert la série de ses interventions sur le réseau social en écrivant : "Si vous cherchez un bon avocat, je vous recommande vivement de ne pas faire appel à Michael Cohen !"

Devant un tribunal de New York, Michael Cohen, qui affirmait un jour être prêt "à prendre une balle" pour Trump, a accepté de plaider coupable sous serment de huit chefs d'inculpation dans des affaires de fraude fiscale et bancaire liées au financement de la campagne de 2016 du candidat républicain.

Cohen a reconnu avoir versé sur ordre de Donald Trump de l'argent à deux femmes, Stephanie Clifford, une actrice de films pornographiques, et Karen McDougal, une ancienne modèle du magazine Playboy, pour acheter leur silence sur la relation extraconjugale qu'elles avaient eue avec le milliardaire.

Ces versements secrets, 130.000 dollars pour Clifford et 150.000 dollars pour McDougal, effectués avant l'élection présidentielle visaient à éviter une mauvaise publicité au candidat Trump.

Ils ont été effectués avec "l'intention d'influencer" l'élection présidentielle "à la demande du candidat", a affirmé Michael Cohen.

Dans une interview accordée à Fox News mercredi, le président américain affirme qu'il n'a appris que plus tard pour les paiements effectués par Cohen.

"Ma première question, quand j'ai été mis au courant, fut: 'Proviennent-ils des comptes de campagne ?' car cela pourrait être délicat", dit-il à la chaîne de télévision. "Et ils ne provenaient pas des comptes de campagne, et c'est vraiment important (...) Ils provenaient de moi".

COHEN NE VEUT RIEN VENANT DE TRUMP

Dans un entretien télévisé, Lanny Davis, l'avocat de Cohen, a déclaré que son client ne chercherait pas à obtenir un pardon présidentiel si Donald Trump le lui proposait après la sanction négociée qui sera prononcée par la justice.

"Il (Cohen) ne veut rien venant de Donald Trump", a dit Davis sur MSNBC.

Concernant Paul Manafort, 69 ans, éphémère directeur de la campagne Trump en 2016, le président américain a fait preuve d'empathie et a exprimé un soutien.

"Je suis très triste pour Paul Manafort et pour sa merveilleuse famille. La 'justice' a pris une affaire fiscale vieille de douze ans pour exercer une formidable pression sur lui et, contrairement à Michael Cohen, il a refusé de craquer", écrit Trump, ajoutant éprouver "tellement de respect pour un homme courageux".

Cette séquence judiciaire intervient au mauvais moment pour Trump et pour les républicains qui tentent de conserver la majorité dont ils disposent à la Chambre des représentants et au Sénat.

L'impact de ces affaires sur les résultats des différents scrutins de novembre reste incertain tant la base électorale du président américain se montre soudée quelles que soient les accusations portées contre lui.

Ces démêlés risquent toutefois d'occuper le débat électoral dans les deux prochains mois à mesure que se poursuit la procédure judiciaire qui pourrait se révéler encore plus embarrassante pour Trump personnellement.

Cohen possède "des informations relatives à la fois à la connaissance d'une conspiration des Russes pour corrompre la démocratie américaine et son absence de signalement au FBI", a déclaré Lanny Davis.

"Cohen sait des choses qui pourraient intéresser le conseiller spécial (Robert Mueller) quant à la connaissance de Donald Trump du piratage des mails" de la campagne démocrate en 2016, a affirmé Davis.

Robert Mueller mène une enquête sur l'ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle afin de favoriser la victoire de Donald Trump et sur une éventuelle collusion entre des proches de Trump et Moscou. (Pierre Sérisier et Arthur Connan pour le service français)