Boston (awp/ats/reu) - La Réserve fédérale des Etats-Unis devra peut-être mener une politique adaptée à une économie "à haute pression" pour réparer les dégâts que la crise lui a causés et juguler des risques prenant un caractère permanent, a déclaré la présidente Janet Yellen vendredi.

Sans faire référence directement aux taux d'intérêt ou aux préoccupations immédiates de la politique monétaire, la présidente de la Fed a mis en avant, devant un parterre de responsables monétaires et d'universitaires, la crainte croissante de la banque centrale de voir l'économie perdre de son potentiel, ce qui nécessiterait des mesures énergiques pour le reconstituer.

La question, a expliqué Yellen, est de savoir si on peut réparer les dégâts "en gérant pour un temps donné une 'économie à haute pression', caractérisée par une forte demande cumulée et un marché du travail tendu; on peut certainement déceler dans quelle mesure du possible et du plausible cela pourrait se produire".

ENCOURAGER LES CHANGEMENTS DE POSTES

Une meilleure performance commerciale des entreprises pourrait par exemple être synonyme d'une augmentation des investissements, a observé Yellen.

"En outre, un marché du travail tendu pourrait attirer des candidats qui sans cela seraient restés sur la touche et encourager les changements de postes, l'offre correspondant alors mieux à la demande. Enfin, mais c'est plus théorique, une demande forte pourrait déboucher sur une productivité significative", a-t-elle ajouté.

Wall Street a accru ses gains après ces déclarations, tandis que le dollar a fléchi et que les Treasuries ont monté.

POLITIQUES À REPENSER

Les propos de la présidente de la Fed, qui ouvrent des perspectives dépendant largement toutefois de recherches et d'études qui, à son sens, restent à faire, sont symptomatiques d'un débat qui agite la Fed et qui consiste à savoir si la situation économique est à présent suffisamment proche de la normale pour enclencher de nouvelles hausses des taux ou au contraire si l'économie, affligée de séquelles profondes, se traîne.

La question pourrait être à la pointe des prochaines réunions de politique monétaire, lors desquelles se constituera peut-être ou peut-être pas un courant favorable à un dépassement de l'objectif d'inflation de la Fed, actuellement de 2%, pour favoriser et l'emploi et l'investissement.

Pour Janet Yellen, la crise a pu causer des dommages permanents, au point qu'il faudra éventuellement repenser les politiques monétaire et budgétaire. Cela pourrait passer, par exemple, par une gamme d'outils non conventionnels plus étendue et plus rapidement mobilisable lors d'une récession, afin d'éviter de nouvelles séquelles.

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