(Avec occupation d'un bâtiment officiel à Kharkiv)

par Lina Kushch et Natalia Zinets

DONETSK, Ukraine, 6 avril (Reuters) - Des manifestants pro-Kremlin ont investi dimanche des bâtiments officiels à Donetsk, Kharkiv et Louhansk, trois villes de l'est de l'Ukraine, bastion du président déchu Viktor Ianoukovitch, pour réclamer la tenue d'un référendum sur le rattachement de leur région à la Russie.

Le président ukrainien par intérim, Oleksander Tourtchinov, a annulé un voyage en Lituanie pour s'occuper de cette agitation "séparatiste", a annoncé dans la soirée le service de presse du Parlement à Kiev.

"Tourtchinov a convoqué une réunion d'urgence des responsables des ministères et des institutions chargés de la sécurité et gère personnellement la situation créée par les séparatistes", lit-on dans le communiqué.

Le ministre de l'Intérieur, Arsène Avakov, a accusé le président russe Vladimir Poutine de comploter avec Viktor Ianoukovitch pour déstabiliser l'Ukraine.

"Poutine et Ianoukovitch ont organisé et financé cette vague d'agitation séparatiste dans l'est du pays. Les gens qui manifestent ne sont pas nombreux mais ils sont très agressifs", a-t-il écrit sur sa page Facebook.

"La situation reviendra sous contrôle sans effusion de sang. C'est l'ordre qui a été donné aux forces de l'ordre", a-t-il ajouté.

En dépit de ces assurances, le mouvement entamé dans la journée à Donestk et Louhansk s'est étendu dans la soirée à Kharkiv, où des manifestants brandissant des drapeaux russes ont investi le siège de l'administration régionale, selon l'agence Interfax.

L'importante population russophone qui vit dans l'est de l'Ukraine voit d'un mauvais oeil le nouveau gouvernement ukrainien issu de l'insurrection qui a chassé fin février du pouvoir Viktor Ianoukovitch.

RÉFÉRENDUM D'AUTODÉTERMINATION

A Donetsk, quelque 1.500 personnes rassemblées autour du bâtiment ont scandé "Russie ! Russie !" et applaudi quand le drapeau tricolore russe est apparu à un balcon du deuxième étage, tandis que des haut-parleurs diffusaient de la musique de l'époque soviétique.

"Nous ne voulons pas rejoindre l'Union européenne, nous ne voulons pas rejoindre l'Otan. Nous voulons que nos enfants vivent en paix", a déclaré une manifestante à une chaîne de télévision.

Les manifestants, barricadés à l'intérieur du siège du gouvernement local dont les portes sont bloquées avec des chaises et des tables, exigent la tenue d'un référendum sur le statut de la région, comme celui par lequel la Crimée a voté son rattachement à la Russie le mois dernier.

"Les élus du conseil régional doivent se réunir avant minuit pour prendre la décision d'organiser un référendum", a lancé à la foule un des meneurs de la manifestation, sans décliner son identité.

Un demi-millier de policiers étaient présents à proximité mais ne sont pas intervenus, a rapporté un journaliste de Reuters.

A Louhansk, une ville voisine de Donetsk, les bureaux des services de sécurité ont également été occupés par des manifestants et les affrontements ont fait trois blessés, deux militants pro-russes et un policier, rapporte une chaîne de télévision locale.

Les protestataires y demandent aussi l'organisation d'un référendum ainsi que la libération de militants arrêtés ces derniers jours.

Samedi, les services de sécurité ukrainiens ont arrêté dans la région de Louhansk 15 personnes soupçonnées de complot. Ils ont mis la main sur 300 fusils d'assaut, un lance-roquette antichar, un grand nombre de grenades et de bombes incendiaires et des couteaux. (voir ) (Guy Kerivel et Tangi Salaün pour le service français)