(Actualisé avec Farage, précisions)

par Gilbert Reilhac et Michael Holden

LONDRES, 6 octobre (Reuters) - Steven Woolfe, député européen du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip) et candidat possible à la direction du mouvement, a été hospitalisé jeudi à Strasbourg après avoir perdu connaissance à la suite d'une "altercation" avec un collègue lors d'une réunion au Parlement européen sur l'avenir de l'Ukip.

L'altercation et l'hospitalisation de Steven Woolfe, qui a perdu brièvement connaissance selon un porte-parole du parti, illustrent les tensions qui secouent l'Ukip.

Mardi soir, la présidente du mouvement, Diane James, a démissionné, 18 jours seulement après avoir succédé à Nigel Farage. Ce dernier avait quitté ses fonctions juste après le référendum du 23 juin sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

"Cela n'aurait pas dû se produire. Nous parlons d'une dispute qui s'est terminé par une agression physique", a déclaré Farage, qui a repris la tête de l'Ukip à titre provisoire, devant l'hôpital strasbourgeois où se trouvait Steven Woolfe.

"C'est un comportement qui n'est pas très convenable. Cela donne l'impression que nous sommes tous violents", a-t-il reconnu.

Il s'est refusé à donner l'identité de l'autre homme impliqué dans l'incident, expliquant qu'une enquête serait menée.

Plusieurs journaux britanniques ont rapporté qu'une assistante du député européen Ukip Mike Hookem avait démenti que ce dernier ait frappé Woolfe. "Mike ne l'a pas touché", a dit cette assistante, dont le nom n'a pas été publié, parlant d'une simple "altercation verbale" entre les deux hommes.

Mike Hookem, un ancien membre des commandos de l'armée britannique, n'a pas pu être joint pour commenter ces informations.

L'UKIP S'INTERROGE SUR SON AVENIR

Dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, Steven Woolfe, 49 ans ce jeudi, a annoncé qu'il se sentait bien mais qu'il passerait la nuit en observation à l'hôpital. "Le scanner a montré qu'il n'y avait pas de caillot de sang dans mon cerveau", précise-t-il.

Auparavant, Neil Hamilton, dirigeant du parti pour le Pays de Galles, avait déclaré, sans préciser d'où il tenait l'information, que Woolfe souffrait d'une hémorragie cérébrale tandis qu'un journaliste de la chaîne Sky TV, citant une source haut placée dans le parti, indiquait que le pronostic vital de l'élu britannique était engagé.

Dans son communiqué à la presse, Woolfe rassure: "Je me sens plus vif, plus souriant et plus heureux que jamais". Une insensibilité légère sur le côté gauche de son visage est la seule séquelle qu'il ressent encore, ajoute-t-il.

Steven Woolfe s'est effondré dans l'enceinte du Parlement européen alors qu'il venait de participer à une réunion agitée de sa formation consacrée à la direction du parti au moment où l'Ukip s'interroge sur son avenir. Roger Helmer, qui participait à cette réunion, a parlé d'un "échange de vues animé".

D'après Neil Hamilton, absent de la réunion mais qui en a eu un compte rendu, Woolfe a été poussé contre une vitre, qu'il a heurtée tête la première.

La victoire du Brexit au référendum du 23 juin a marqué l'apogée du combat mené par l'Ukip, créé en 1993, mais le parti se divise à présent sur la redéfinition de son programme politique.

Woolfe avait tenté de briguer la présidence du parti lors du congrès de Bournemouth, organisé en septembre, mais sa candidature, déposée trop tardivement, n'avait pas été retenue. Il avait alors dénoncé un "coup d'Etat".

Le député européen, qui a admis avoir hésité à rejoindre la Première ministre conservatrice Theresa May, a annoncé mardi qu'il briguerait de nouveau la tête du parti.

Arrivé en tête des élections européennes de mai 2014 en Grande-Bretagne, avec 22 députés au Parlement de Strasbourg, l'Ukip a pris l'année dernière la troisième place des voix lors des législatives, mais compte tenu du scrutin uninominal majoritaire à un tour n'a obtenu qu'un seul des 650 sièges de députés de la Chambre des communes. (avec Kate Holton et Estelle Shirbon à Londres et Alastair Macdonald à Bruxelles; Henri-Pierre André pour le service français, édité par Tangi Salaün)