(Avec détails, réactions de Paris et Washington)

par Laila Bassam et Erika Solomon

BEYROUTH, 15 février (Reuters) - Les autorités libanaises ont officiellement annoncé samedi la formation d'un nouveau gouvernement, après plus de dix mois d'impasse politique.

Le pays fonctionnait avec un cabinet de transition depuis la démission du Premier ministre Najib Mikati en mars 2013, due aux rivalités politiques entre le bloc du Hezbollah chiite et un bloc rival à dominante sunnite, celui du 14-Mars. Leur lutte pour le pouvoir a été exacerbée par leur soutien à des camps rivaux de la guerre civile en Syrie voisine.

"Un gouvernement a été formé dans l'intérêt de la nation(...)", a déclaré le Premier ministre, Tammam Salam, dans une allocution à la télévision, en disant son espoir que l'avènement du gouvernement permette au pays d'organiser une élection présidentielle dans les délais prévus et de finir par tenir des élections législatives. Le délai de l'actuel chef de l'Etat, Michel Sleimane, expire en mai.

"Ce gouvernement large est la meilleure formation qui puisse représenter le Liban à un moment où il est confronté à des défis d'ordres politique, sécuritaire, économique et social."

"Je tends la main à tous les dirigeants et je compte sur leur sagesse pour atteindre ces objectifs en les invitant à faire des concessions dans l'intérêt de notre projet national", a ajouté Tammam Salam.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a fait savoir qu'il s'était entretenu au téléphone avec le chef du gouvernement pour le féliciter et l'assurer du soutien de la France. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a évoqué un "important premier pas".

STABILITÉ, SÉCURITÉ

Tammam Salam a été choisi comme Premier ministre par le parlement dès avril 2013 mais il n'avait pas été en mesure de former un gouvernement à cause des rivalités entre le bloc du 8-Mars, dominé par le Hezbollah, et le bloc du 14-Mars, dominé par le Courant du Futur, le parti de Saad Hariri.

L'un des principaux points d'achoppement portait sur le portefeuille de l'Energie, un ministère devenu primordial depuis la découverte de réserves sous-marines pétrolières et gazières en Méditerranée au large des côtes libanaises.

Le Courant patriotique libre (CPL, chrétien), allié du Hezbollah, insistait pour que Gebran Bassil, du bloc du 8-Mars, conserve le portefeuille à l'Energie. Le problème a été résolu avec la nomination à ce poste d'Arthur Nazarian, du petit parti arménien Tashnag, proche du CPL.

Gebran Bassil a été nommé ministre des Affaires étrangères et l'ancien ministre de la Santé Ali Hassan Khalil, également du bloc du 8-Mars, devient ministre des Finances.

Le député Nouhad Machnouk, du bloc du 14-Mars, obtient quant à lui le portefeuille de l'Intérieur.

"La priorité numéro un de ce gouvernement sera la stabilité et la sécurité, et aussi l'amélioration de la vie quotidienne", a déclaré Bassil lors d'une conférence de presse.

Le Liban est confronté depuis des mois à des violences découlant de la guerre civile en Syrie, où le Hezbollah chiite libanais soutient militairement le régime de Damas.

Vendredi, prenant l'exemple de son père Rafic Hariri, dont il commémorait le neuvième anniversaire de l'assassinat, le 14 février 2005 à Beyrouth, l'ex-Premier ministre Saad Hariri avait souhaité que la modération l'emporte face aux risques de contagion du conflit syrien et face à l'impasse politique qui a privé le Liban d'un gouvernement ces derniers mois. (Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)