BEYROUTH, 9 mars (Reuters) - L'organisation caritative Save The Children peint un très sombre tableau de la situation sanitaire dans laquelle vivent les enfants en Syrie, où, selon son dernier rapport, qui paraît ce lundi, 60% des hôpitaux ont été endommagés ou détruits depuis le début du conflit voici trois ans.

Save the Children évoque les retombées "horribles" de l'effondrement du système de santé, alors que près de la moitié des médecins ont fui le pays et que le personne médical restant doit traiter des centaines de milliers de personnes blessées dans les combats.

"Le système de santé de la Syrie connaît un tel chaos que l'on nous a parlé de médecins utilisant de vieux vêtements en guise de bandages et de patients qui choisissent de se faire assommer à coups de barres métalliques pour perdre connaissance, parce qu'il n'y a plus de produits anesthésiques", lit-on dans le rapport de l'ONG.

"Le manque d'eau pure signifie que la stérilisation des bandages est pour ainsi dire impossible, ce qui favorise le risque d'infection et peut-être de mort".

Des enfants ont dû être amputés car les hôpitaux n'avaient pas le matériel nécessaire pour soigner leurs blessures, lit-on également dans le rapport. Certains patients sont morts à la suite de transfusions d'un mauvais groupe sanguin, et des transfusions ont dû être effectuées directement de personne à personne en raison du manque d'électricité.

Selon la Syrian American Medical Society, citée dans ce rapport, 200.000 personnes sont mortes de maladies chroniques depuis le début du conflit en raison d'un manque d'accès aux traitements. Des maladies comme la rougeole et la méningite se sont répandues, et la poliomyélite, qui d'après le rapport avait été éradiquée en Syrie en 1995, touche aujourd'hui jusqu'à 80.000 enfants, indique Save The Children dans le rapport.

Une maladie chronique comme la leishmaniose, dont on comptait moins de 3.000 cas en Syrie avant le déclenchement du conflit, frappe aujourd'hui plus de 100.000 personnes, indique en outre l'ONG. (Alexander Dziadosz; Eric Faye pour le service français)