par Paulo Prada et Philip Pullella

RIO DE JANEIRO, 23 juillet (Reuters) - Le pape François est arrivé lundi à Rio de Janeiro, au Brésil, où il séjournera une semaine pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), à l'occasion de son premier voyage à l'étranger depuis son élection en mars à la tête de l'Eglise catholique.

Le souverain pontife argentin a été accueilli à sa descente d'avion par la présidente Dilma Rousseff avant de rouler en convoi motorisé vers Rio où une foule de croyants, pèlerins ou simples curieux s'était massés au bord des avenues tout au long du parcours.

Des fidèles ont entouré la voiture, une petite Fiat de couleur grise, prenant des photos et touchant le pape à travers les vitres ouvertes. Les garde du corps ont été obligés d'intervenir pour écarter la foule qui à un moment était si compacte qu'elle a contraint le véhicule à s'arrêter.

"Dieu a souhaité que le premier voyage international de mon pontificat me ramène vers mon Amérique latine chérie", a déclaré François, qui est Argentin, lors d'un discours prononcé peu après son arrivée.

Ce déplacement en terre catholique intervient alors que les 120 millions de Brésiliens sont de plus en plus mécontents. En juin, le pays a été secoué par les manifestations les plus importantes depuis 20 ans. Plus d'un million de personnes se sont rassemblées dans une centaine de villes pour protester pêle-mêle contre la corruption, la hausse des prix et l'inefficacité des services publics.

Dans son discours, le pape a fait allusion aux dernières manifestations.

"Je vous demande à tous de faire preuve de considération les uns envers les autres, et, si possible de montrer la sympathie nécessaire pour établir un dialogue amical", a déclaré François.

Les autorités brésiliennes espèrent que son message traditionnel de solidarité avec les pauvres et les classes moyennes réduira la probabilité de manifestations importantes durant sa visite.

Plus de 20.000 soldats, policiers et membres des forces de sécurité ont néanmoins été déployés pour assurer la sécurité de la visite papale.

Leur tâche est rendue difficile par l'attraction populaire que provoque le souverain pontife et par sa décision de circuler dans un véhicule à toit ouvert à certains moments et de se mêler parfois à la foule.

"L'APPEL DE DIEU"

Lundi, la police de l'Etat voisin de Sao Paulo a annoncé avoir désamorcé un petit engin explosif artisanal découvert dans un parking près d'un sanctuaire catholique de la ville d'Aparecida où le pape doit se rendre cette semaine.

Il n'a pas été possible de dire si l'explosif était lié à la visite du pape.

Lundi soir, la ville de Rio a été le théâtre de petites manifestations éparses. De nouvelles manifestations sont prévues pendant la visite du pape, surtout par des féministes et des groupes de défense des droits des homosexuels. Ces groupes entendent protester contre les prises de position sociales de l'Eglise.

En attendant, c'est une atmosphère de ferveur qui règne au Brésil. Lundi, pour mieux voir la procession papale dans le centre de Rio, certains sont montés sur des arbres, des abris de bus ou des kiosques à journaux. Des milliers de personnes ont assisté au défilé de leur balcon.

"J'ai senti l'appel de Dieu", déclare Mari Therese Reyes, 32 ans. Venue des Philippines, elle a économisé six mois pour faire le voyage. "Ce n'est pas simplement pour voir le pape. C'est une rencontre avec le Christ", explique-t-elle.

Markus Hemmert, pèlerin allemand de 38 ans, qui a mis trois mois pour faire le parcours à vélo de Chicago au Brésil. J'aime beaucoup le pape", dit-il.

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, dont le Parti des travailleurs (PT) est au pouvoir depuis dix ans, a pour sa part déclaré que le Brésil partageait les préoccupations du pape en matière de justice sociale.

Elle a souligné les progrès dans la lutte contre la pauvreté effectués par son gouvernement et celui de son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva.

"Nous luttons contre un ennemi commun : l'inégalité", a déclaré la présidente qui a critiqué les politiques d'austérité économique de certains pays qui finissent par se révéler particulièrement défavorables aux personnes en bas de l'échelle sociale.

"La crise ne fait pas de bien aux jeunes", avait auparavant déclaré François comme en écho à bord de l'avion papal. "Nous courons le risque de nous retrouver avec une génération qui n'aura pas de travail. Or, c'est du travail qu'une personne tire sa dignité." (Jean-Stéphane Brosse, Julien Dury et Danielle Rouquié pour le service français)