par Julien Toyer

Cette taxe pourrait être prélevée non sur les transactions financières mais sur les résultats des banques et elle servirait à créer un fonds européen de stabilité, selon les plans du ministre suédois Anders Borg, qui a lancé cette idée mardi.

"L'objectif serait de construire un fonds de stabilité, de constituer une provision pour le futur. (...) Lors du conseil informel, à Madrid, nous discuterons de cette initiative et d'autres qui sont également sur la table dans les forums internationaux", a expliqué la ministre espagnole, Elena Salgado, dont le pays préside l'UE ce semestre.

Cette annonce fait suite à la décision la semaine dernière du président américain Barack Obama d'imposer aux banques de Wall Street une taxe qui devrait rapporter jusqu'à 117 milliards de dollars à long terme, en compensation de leur sauvetage par les pouvoirs publics.

A son arrivée à la réunion mensuelle des ministres des Finances de l'UE, Anders Borg avait estimé que les Vingt-Sept devraient suivre l'exemple américain et refuser "une situation dans laquelle les banquiers ne paieraient pas la note".

"Nous étions soucieux de préserver la compétitivité européenne mais si cela est introduit aux Etats-Unis...", a-t-il ajouté à Bruxelles.

Dans une lettre adressée à Elena Salgado, il a expliqué que cette contribution des institutions bancaires contribuerait aux efforts de consolidation budgétaire tout en renforçant la légitimité dans l'opinion publique des mesures d'aide au secteur financier.

Par ailleurs, cette contribution permettrait de s'attaquer aussi à la question des banques systémiques et au problème du 'too big to fail'", a-t-il encore écrit.

IDÉE "INTÉRESSANTE" POUR CHRISTINE LAGARDE

Interrogée sur cette taxe, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a estimé qu'il s'agissait d'une mesure "intéressante" mais a demandé à ce que la réflexion européenne s'inscrive dans le cadre d'une coopération internationale et d'une démarche globale.

La Suède a mis en place l'an dernier un mécanisme de prélèvement fiscal sur les banques et espère en retirer jusqu'à environ 75 milliards de couronnes suédoises (7,4 milliards d'euros) pour alimenter un fonds destiné à faire face à une crise financière future.

Stockholm préfère une taxe sur le bilan des banques plutôt qu'une taxe sur les transactions car une mesure similaire prise après la crise bancaire des années 1990 s'était révélée contre-productive.

"Nous avons eu une taxe sur les transactions. De manière générale les transactions se sont déplacées vers Londres. Mais vous ne pouvez pas déplacer votre bilan", a expliqué Anders Borg à Bruxelles.

L'Union européenne a appelé en décembre le Fonds monétaire international (FMI) à étudier la possibilité d'une taxe internationale sur les transactions et le sujet doit être discuté dans le courant du mois lors d'une réunion du G7 avec la Banque mondiale et le FMI.

Vendredi dernier, le Premier ministre du Luxembourg et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, s'était prononcé en faveur d'une telle taxe mais avait jugé que l'idée serait difficile à mettre en pratique au niveau européen dans la mesure où les questions de fiscalité dépendent de compétences scrupuleusement nationales.

Le commissaire à la Fiscalité, Lazlo Kovacs, a d'ailleurs noté mardi que la règle de l'unanimité requise sur ces questions ne rendrait pas la tâche facile à la présidence espagnole.

"Mais il est toujours plus populaire de faire passer une taxe sur les banques plutôt que sur les personnes", a-t-il dit.

Julien Toyer, édité par Marc Angrand