Le groupe, dont la réputation a été entachée par le scandale en 2015 de fraude aux émissions polluantes de ses moteurs diesel, prévoit de lancer environ 70 nouveaux modèles électriques d'ici 2028 pour se placer à la pointe de la transition "verte" du secteur automobile.

Volkswagen a cependant déclaré que les investissements pour moderniser ses usines, les effets de change et le ralentissement des ventes à la suite de l'entrée en vigueur de nouveaux tests plus stricts sur les émissions polluantes avaient entraîné une baisse des marges des marques VW, Skoda, Audi et Porsche l'an dernier.

La marge de VW, la marque phare du groupe, est passée de 4,2% en 2017 à 3,8% en 2018.

"Malgré tous les discours et l'opportunité de réduire une base de coûts fixes historiquement élevée, un nouveau sommet a en fait été atteint en 2018", écrivent les analystes d'Evercore ISI. "C'est inacceptable."

L'action Volkswagen a terminé en repli de 1,83% à 143,98 euros à la Bourse de Francfort, contre une baisse de 0,52% pour l'indice européen des valeurs automobiles.

Volkswagen entend réagir en liant plus étroitement la rémunération de ses dirigeants et la rentabilité du groupe, en simplifiant sa production et en comprimant ses effectifs. L'ampleur des suppressions de postes n'a pas été précisée.

DES CESSIONS PAS EXCLUES

Le président du directoire, Herbert Diess, a également annoncé un examen du portefeuille des marques du groupe, qui comprend également Lamborghini, Ducati et Bentley, tout en n'excluant pas une cession des activités non stratégiques.

Volkswagen pourrait faire le point sur cette revue stratégique au second semestre, a-t-il ajouté, précisant toutefois ne pas envisager de céder Skoda ou Porsche, qui utilisent des plates-formes communes aux véhicules du groupe.

Herbert Diess a déclaré que le groupe n'était pas parvenu à conclure un accord avec les syndicats pour accroître la rentabilité de la marque VW en 2018. Le groupe se concentre à présent sur la réduction des coûts de la marque VW et de la filiale Audi, a-t-il dit.

"Le coût du travail est une préoccupation majeure pour nous. Cela fait partie de notre désaccord actuel avec les syndicats. Notre plan était d'améliorer la productivité et de réduire les coûts, mais cela n'a pas marché en 2018", a-t-il déclaré aux analystes après la publication des résultats annuels détaillés du groupe.

Le constructeur allemand se prépare à lancer une nouvelle voiture électrique compacte, connue sous la référence ID, en 2020, dans le cadre d'un projet qui devrait lui permettre de sortir 22 millions de voitures électriques d'ici 2028, malgré les incertitudes sur le niveau de la demande.

"La réalité, c'est que la construction d'une voiture électrique nécessite environ 30% d'efforts en moins qu'une voiture à moteur à combustion interne", a expliqué Herbert Diess. "Cela signifie que nous devons procéder à des suppressions d'emplois."

OBJECTIF DE RENTABILITÉ AVANCÉ POUR LA MARQUE VW

La marque VW a avancé à 2022 son objectif de rentabilité opérationnelle de 6% mais cela impliquera de supprimer des emplois, a dit le groupe. Elle a exclu de procéder à des licenciements contraints jusqu'en 2025 et mise sur des départs naturels ou volontaires.

Volkswagen a également annoncé une intensification de ses investissements en Chine, premier marché automobile du monde, où il a créé des coentreprises avec des sociétés locales comme JAC et FAW. Le nombre de SUV proposés en Chine passera de six à 14.

Volkswagen veut également recruter des ingénieurs spécialisés dans le logiciel afin de mieux concurrencer des groupes comme Tesla qui propose des véhicules pouvant être mis à jour sans se rendre chez un concessionnaire.

"Aujourd'hui, nos 20.000 développeurs sont orientés à 90% sur le matériel. Cela changera radicalement d'ici 2030. Les logiciels représenteront la moitié de nos coûts de développement", a déclaré Herbert Diess.

La taille de Volkswagen sera un atout important pour s'imposer dans les voitures électriques, a-t-il ajouté. "Je prends des start-up comme Tesla au sérieux (...) Mais la taille compte et je pense que nous avons de bonnes chances de réussir."

Le groupe a publié mardi ses résultats financiers annuels complets. Il avait déjà fait état fin février d'un bénéfice opérationnel en hausse de 0,7% à 13,92 milliards d'euros, sous le consensus qui était de 14,53 milliards.

Les marques haut de gamme Audi et Porsche ont réalisé le gros du bénéfice d'exploitation du groupe en 2018.

Volkswagen a maintenu ses perspectives, réaffirmant qu'il prévoyait pour 2019 une croissance de son chiffre d'affaires pouvant atteindre 5% et une rentabilité opérationnelle entre 6,5% et 7,5%.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Dominique Rodriguez et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Edward Taylor