par Martyn Herman

LONDRES, 12 novembre (Reuters) - Le Serbe Novak Djokovic, numéro un mondial, a remporté lundi soir le Masters de tennis en battant le Suisse Roger Federer, double tenant du titre, en deux manches, 7-6 (8-6) 7-5, clôturant en beauté une saison compliquée.

La finale, qui a duré deux heures et 14 minutes, a tenu en haleine les spectateurs, Roger Federer, qui briguait un septième titre au Masters, ayant pris l'avantage dans chacun des deux sets.

Djokovic, qui consolide sa première place au classement de l'ATP, s'est ainsi retrouvé mené 3-0 dans la première manche puis 5-3 dans la seconde.

A chaque fois, il a trouvé les ressources nécessaires pour revenir à hauteur de son adversaire et le dépasser.

"J'avais déjà fait l'expérience de son agressivité auparavant, de sa volonté d'imposer sa marque sur le match. j'ai tenté de me persuader que je pourrai inverser la situation et me battre. Cela s'est produit de nouveau, j'ai réussi à jouer mon meilleur tennis lorsque j'en avais le plus besoin", a-t-il dit à l'issue du match, sa 29e confrontation contre Federer depuis 2006 (le Suisse mène par 16 victoires à 13).

Novak Djokovic renoue avec la victoire finale dans le Masters, le tournoi de clôture de la saison, qu'il avait déjà remporté à Shanghai en 2008, et signe sa 75e victoire cette saison, un record personnel et une performance de taille après sa saison 2011 de feu (trois titres en Grand Chelem).

Car après avoir entamé l'année par un cinquième titre en Grand Chelem, remportant la finale de l'Open d'Australie au terme d'une bataille de près de six heures contre Rafael Nadal, Novak Djokovic s'est retrouvé sous la menace des autres joueurs du Top 4.

Nadal d'abord, qui l'a empêché de réaliser le "Djoko Slam" à Roland-Garros, puis Andy Murray et Roger Federer. Le Suisse le détrônait même brièvement du rang de numéro un mondial en s'imposant à Wimbledon.

Mais avec Nadal éloigné des courts depuis plusieurs mois et après sa semaine londonienne qui l'a vu battre Murray en phase de poule puis Federer en finale, Djokovic, 25 ans, sera de nouveau l'homme à battre en 2013.

"IL ÉTAIT MEILLEUR À CE JEU"

Federer est sorti du court avec de la frustration mais peu de regrets.

"Dans un set, et évidemment dans un match, il faut franchir la ligne d'arrivée en tête. Il était meilleur à ce jeu aujourd'hui", a dit le Suisse.

Federer, qui a été soutenu par la grande majorité des 17.000 spectateurs londoniens, a évoqué un match de grande intensité, à l'image de la balle de set qu'il a sauvée dans le tie-break du premier set sur une volée-réflexe grandiose, avant de céder quelques coups plus tard.

A l'heure des bilans, il s'est également félicité d'avoir été l'un des acteurs d'une "saison fantastique" (Djokovic, Nadal, Federer et Murray ont remporté chacun une des quatre levées du Grand Chelem, Murray y a ajouté l'or olympique).

A 31 ans, le Suisse boucle l'année 2012 avec 71 victoires et six tournois remportés pour dix finales disputées

Lundi soir, ce n'était que la quatrième fois que la finale du Masters, compétition vieille de 43 ans, opposait les deux premiers joueurs de la hiérarchie mondiale.

Vainqueur des neuf premiers points du match, Federer se détachait rapidement pour mener 3-0 après huit minutes d'un match alors à sens unique, Djokovic accumulant les fautes directes.

Mais le Serbe revenait face à un Federer en délicatesse avec son coup droit, égalisait à trois jeux partout et breakait même à 4-4 au terme d'un neuvième jeu marathon à six égalités.

AU NOM DU PÈRE

Djokovic servait alors pour le gain de la première manche, mais, après une première balle de set gâchée par une faute sur coup droit, le set était encore d'être fini. Sur une attaque de Federer, Djokovic perdait l'équilibre et chutait lourdement, s'ouvrant légèrement au coude.

Le tie-break, longtemps indécis, s'offrait finalement à lui.

Le second set partait sur les mêmes bases et le Suisse se retrouvait alors à 5-4 40-15. Pour le public, il semblait alors évident que les deux hommes allaient s'embarquer dans une troisième manche.

Mais le Serbe exploitait deux erreurs du Suisse pour refaire son retard. Et, deux jeux plus tard, s'adjugeait le gain de la partie sur un dernier revers gagnant.

Djokovic a dédié sa victoire à son père Srdjan, gravement malade, qui n'a pas fait le déplacement à Londres.

"Je ne savais vraiment pas comment je pourrais faire aussi bien que mon incroyable saison 2011 (...) Mais ça a été une année fantastique où j'ai dû faire face à de nombreuses difficultés y compris en dehors des courts. Surtout en arrivant ici pour ce tournoi, avec mon père se battant pour sa vie, cela m'a donné des forces supplémentaires, vouloir jouer pour lui d'une certaine manière", a-t-il dit.

"C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai tout donné à chaque match, surtout ce soir. Ce titre était pour lui." (Henri-Pierre André pour le service français)