(Michelle Nichols)

NATIONS UNIES, 21 février (Reuters) - Le projet de résolution sur l'accès à l'aide humanitaire en Syrie sera soumis samedi à 11h00 locales (16h00 GMT) au vote du Conseil de sécurité des Nations unies, a déclaré jeudi Gary Quinlan, représentant permanent de l'Australie à l'Onu, l'un des pays à l'origine du texte avec la Jordanie et le Luxembourg.

Des diplomates occidentaux ont déclaré que le vote, que l'on pensait tout d'abord prévu pour vendredi, avait été repoussé à samedi, la Russie ayant demandé un peu plus de temps.

"Une délégation a demandé à avoir du temps pour recevoir des instructions de sa capitale", a dit le représentant permanent de la France à l'Onu, Gérard Araud, sans citer le pays en question.

Le texte comporte des demandes d'accès transfrontalier à l'aide humanitaire et stipule que doivent cesser les pilonnages et les bombardements aériens, notamment le largage de barils d'explosifs, et il menace de "nouvelles mesures" en cas de non respect de la résolution.

Ces aspects-là ont été les principaux points d'accroc en près de deux semaines de tractations sur le projet de résolution, ont déclaré des diplomates, sans pouvoir dire si la Russie et la Chine, soutiens traditionnels de la Syrie, voteront la résolution ou y opposeront leur veto. La Russie, appuyée par Pékin, a toujours soutenu l'allié syrien au Conseil de sécurité en trois ans de guerre civile.

Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclarait que la Russie s'opposerait à une résolution qui autoriserait l'entrée de convois humanitaires en Syrie sans qu'ils aient besoin du feu vert du régime de Damas.

Au cours d'une visite à Bagdad, jeudi, Sergueï Lavrov a estimé que la résolution devrait spécifier clairement que les convois d'aide transfrontaliers doivent être mis sur pied en conformité avec le droit international, qui nécessite l'accord préalable des autorités du pays où l'aide est livrée.

DÉCLARATION LE 2 OCTOBRE

"Je ne vois pas pourquoi l'on ne peut pas réaffirmer cela, étant donné notamment qu'il y a tant d'exemples où ce ne sont pas des vivres, et pas non plus des médicaments, mais des armes et du matériel qui sont livrés aux combattants après avoir franchi la frontière", a dit le ministre russe.

Pour Pékin, toute action entreprise par le Conseil de sécurité "doit inciter à la recherche d'une solution politique au problème syrien", a dit jeudi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Les mesures en rapport devraient également respecter les principes directeurs de l'Onu sur l'aide humanitaire, à savoir l'honnêteté et la neutralité", a-t-elle dit à Pékin.

Les membres occidentaux du Conseil de sécurité envisagent depuis près d'un an une résolution sur l'accès humanitaire en Syrie. Après des mois de palabres, le Conseil de sécurité a adopté le 2 octobre une déclaration, non contraignante, appelant au développement de l'accès à l'aide.

Valerie Amos, secrétaire général adjointe de l'Onu pour les Affaires humanitaires, a exhorté la semaine dernière le Conseil de sécurité à permettre un plus large accès à l'aide humanitaire en Syrie. A plusieurs reprises, par le passé, elle s'est déclarée dépitée de voir que la bureaucratie et les combats ralentissaient la livraison de l'aide humanitaire et limitaient à peu de chose le volume de cette aide.

Selon les Nations unies, 9,3 millions de Syriens, soit pas loin de la moitié de la population, ont besoin d'une aide. Et d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, proche de l'opposition), plus de 136.000 personnes ont péri en Syrie depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al Assad en mars 2011. (Eric Faye pour le service français)