Les rendements des obligations du Trésor américain gagnent du terrain, ce qui tend déjà à confirmer la thèse d'une réduction plutôt rapide du rythme des achats d'actifs de la Fed.

En Bourse de New York, après la hausse de 24% de l'indice S&P 500 depuis le début de l'année, les intervenants n'attendent qu'un signe pour commencer à prendre leurs profits.

Ce signal pourrait bien venir de la Fed, même s'il ne s'agit que de spéculations selon lesquelles la Fed serait prête à agir.

"Il nous faut une sorte de catalyseur", souligne Uri Landesman, président de Platinum Partners à New York. "Nous sommes dans un marché effroyablement haussier."

La poursuite d'une politique de soutien à la croissance et de taux d'intérêt ultra-faibles de la Fed a très largement contribué à la hausse des cours sur les marchés cette année.

Plusieurs responsables de la Fed doivent s'exprimer cette semaine, notamment sa vice-présidente, Janet Yellen - qui doit remplacer Ben Bernanke à l'issue de son mandat - au cours d'une audition devant la Commission bancaire du Sénat prévue jeudi.

Janet Yellen est une fervente partisane de la politique de soutien à la croissance et devrait être critiquée par les Républicains, qui s'inquiètent de cette politique monétaire ultra-accommodante. Toutefois, sa nomination à la présidence de la banque centrale ne devrait pas être remise en cause. Le mandat de Ben Bernanke arrive à son terme le 31 janvier.

Le président de la Fed D'Atlanta, Dennis Lockhart, doit également faire des déclarations, mardi, sur les perspectives économiques.

Même si la plupart des analystes ne s'attend toujours pas à ce que la Fed commence à limiter ses achats d'obligations avant la fin de l'année, une série d'indicateurs économiques globalement favorables publiés la semaine dernière - notamment l'annonce vendredi d'un nombre plus important que prévu de créations d'emplois au mois d'octobre - vont dans le sens d'une décision relativement rapide de la banque centrale américaine.

INTERVENTION DE YELLEN AU SÉNAT

Selon une enquête de Reuters publiée vendredi, un nombre croissant de spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) s'attendent désormais à une réduction du rythme des achats avant mars. Il y a deux semaines, la majorité des SVT s'attendait à ce que la Fed ne commence pas à réduire ses achats avant mars.

Les investisseurs sont hésitants face à ces bons indicateurs qui, d'un côté sont de bon augure pour la croissance, mais de l'autre nourrissent les craintes d'une diminution du soutien de la Réserve fédérale aux marchés.

Vendredi, la vision positive l'a finalement emporté avec une hausse de plus de 1% des trois grands indices boursiers en clôture après un démarrage mou de la séance. Sur le marché obligataire, le rendement de l'obligation de référence à 10 ans a grimpé à 2,75% contre 2,60% la veille.

A la suite des bons chiffres de l'emploi, certains analystes, dont ceux de JPMorgan, ont avancé de mars-avril à janvier la date à laquelle ils pensent que la Fed devrait agir.

Le département du Travail a annoncé vendredi 204.000 créations d'emplois en octobre alors que les économistes en anticipaient en moyenne 125.000.

La veille, le département du Commerce avait annoncé une hausse plus forte que prévu, de 2,8%, du produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre.

Toutefois, des analystes estiment qu'il faut attendre d'autres indicateurs pour confirmer cette meilleure tendance.

La semaine prochaine sont attendues la production industrielle et les inscriptions hebdomadaires au chômage.

Aussi à l'agenda: les publications de plusieurs groupes de distribution alors que la saison des résultats est bien avancée.

Sur les 16 composants du S&P 500 qui doivent publier cette semaine, quatre sont dans le secteur: Macy's, Kohl's, Wal-Mart Stores et Nordstrom. Les investisseurs seront aussi attentifs aux perspectives de ventes pendant la saison de fêtes de fin d'année qui, selon certains analystes, pourraient être au plus bas depuis des années.

Juliette Rouillon pour le service français

par Caroline Valetkevitch