par Gabriel Madway

Steve Jobs, qui est âgé de 55 ans, a annoncé lundi un nouvel arrêt-maladie, alors que les marchés américains étaient fermés pour le Martin Luther King Day, sans donner de date prévisionnelle de retour, contrairement à ce qui s'était passé lors de son précédent arrêt.

C'est le deuxième en deux ans - il s'était absenté pour six mois en janvier 2009 pour une greffe du foie - et le troisième depuis 2004. Cette année-là, il avait été opéré pour un cancer du pancréas.

Mardi dans les premiers échanges, l'action Apple cotée à Francfort poursuivait son recul après avoir chuté de plus de 6% lundi à la nouvelle. L'action perdait 0,64%.

Ces derniers jours, l'action Apple avait atteint des sommets historiques sur le Nasdaq. La firme californienne venait d'annoncer que son iPhone allait être disponible pour les abonnés du premier opérateur mobile américain, Verizon Wireless.

A la Bourse de Tokyo, certaines sociétés dont les produits sont complémentaires de ceux de la firme à la pomme, ont perdu du terrain mardi. Ainsi, Foster Electric, qui fabrique des écouteurs pour smartphones, a cédé 1,4% et Kimoto, qui produit des revêtements pour écrans tactiles, a fini en baisse de 2,1%.

"Steve Jobs est considéré par le marché comme une force de premier plan pour l'orientation stratégique d'Apple", estime Richard Windsor, chez Nomura. "Si son cancer du pancréas est revenu, on peut s'inquiéter".

En l'absence de Steve Jobs, ce sera au directeur général délégué du groupe, Tim Cook, qui occupe ce poste depuis 2005, de décider ce qu'il faudra dire au sujet de son patron absent et ce qu'Apple compte faire avec une trésorerie (disponibilités et valeurs mobilières de placement) de 50 milliards de dollars (37,4 milliards d'euros).

PROUESSE

Moins médiatique que Steve Jobs, Tim Cook, qui est âgé de 50 ans, ne devrait pas faire d'annonce tonitruante. Il est toutefois considéré comme quelqu'un de confiance. Il a déjà représenté Jobs avec succès par deux fois auparavant.

En 2009, pendant les six mois d'absence de Steve Jobs, l'action Apple avait gagné 60% sous la houlette de Tim Cook.

Les atouts d'Apple sont connus : l'iPhone qui devrait se vendre à plus de 60 millions d'unités dans le monde cette année, l'iPad, qui a lancé le marché des tablettes et qui, au titre de précurseur, devrait creuser son sillon malgré la concurrence, sans oublier la gamme des ordinateurs Mac.

Pour le premier trimestre fiscal d'Apple clos fin décembre, Wall Street anticipe un chiffre d'affaires en hausse de plus de 50% et supérieur à 24 milliards de dollars, porté par les ventes liées au fêtes de fin d'année.

Pour n'importe quelle société de taille importante, ce serait considéré comme une prouesse, mais cela l'est un peu moins pour une société dont la capitalisation boursière est supérieure à 300 milliards de dollars (225 milliards d'euros). Apple représente à lui seul quelque 7% de la capitalisation du Nasdaq.

En volume, les analystes anticipent 15,5 millions d'iPhone vendus entre octobre et décembre, 5,5 millions d'iPad et 4 millions de Mac.

Cela devrait se traduire par un bénéfice par action de 5,40 dollars, selon les prévisions des analystes recensées par Thomson Reuters I/B/E/S.

Selon les estimations SmartEstimate, qui pondère davantage les prévisions les plus récentes des analystes les plus réputés, Apple affichera un bénéfice par action de 5,47 dollars pour un chiffre d'affaires de 24,5 milliards de dollars.

Ces deux dernières années, Apple a dépassé de 29% en moyenne les attentes de Wall Street en termes de bénéfices et de 9% en moyenne en terme de chiffre d'affaires.

"La seule surprise en termes de résultats sera de savoir s'il y a autre chose que des informations sensationnelles", commentait la semaine dernière Barry Jaruzelski, associé chez le consultant Booz & Co.

Avec Clare Jim à Taipei, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten