* Revirement sur les porteurs de carte verte

* Critiques des républicains et des démocrates

* Manifestations à Washington, New York et Los Angeles

* Trump se défend de vouloir viser les musulmans

par Doina Chiacu et Steve Holland

WASHINGTON, 30 janvier (Reuters) - Le gouvernement américain a paru tempérer dimanche le décret anti-immigration signé vendredi par Donald Trump, qui a déclenché une levée de boucliers sur la scène internationale, dans des tribunaux américains et auprès de certains républicains.

Au cours du week-end, marqué par des manifestations dans plusieurs grandes villes et aéroports contre un texte dénoncé comme discriminatoire à l'égard des musulmans et contraire à la Constitution américaine, la directive a évolué sur une question clé : le statut des résidents permanents.

Face aux critiques, Donald Trump a défendu dimanche sa décision de suspendre l'accueil des réfugiés pendant quatre mois et l'entrée des ressortissants en provenance de sept pays à majorité musulmane pendant trois mois.

"Nous allons émettre à nouveau des visas à tous ces pays lorsque nous serons sûrs que nous avons mis en place les politiques les plus sûres au cours des 90 prochains jours", a déclaré le président, démentant toute "interdiction contre les musulmans".

Dimanche, son secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, a annoncé que les voyageurs détenteurs d'un permis de séjour permanent, originaires de ces sept pays, ne seraient pas empêchés de revenir aux Etats-Unis.

"J'estime par la présente que l'entrée des résidents permanents légaux est dans l'intérêt national", a déclaré John Kelly dans un communiqué.

Dans la matinée, le secrétaire général de la Maison blanche Reince Priebus avait déclaré sur la chaîne de télévision NBC que les porteurs de carte verte ne "seraient pas affectés" par le décret mais devraient se soumettre à des "interrogatoires supplémentaires".

Samedi, le département de la Sécurité intérieure avait annoncé que les porteurs de permis de séjour étaient concernés.

"Nous avons besoin de clarifications. Mais cela vous montre, outre la mauvaise, l'horrible nature de ces (décrets), l'incompétence de cette administration", a estimé Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat.

UN LANCEMENT CONFUS

Devant la Maison blanche, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis dimanche avec des panneaux où l'on pouvait lire notamment: "Expulsons Trump". A New York, Los Angeles, Boston, Houston et Dallas, des rassemblements ont également eu lieu dans le centre-ville ou les aéroports.

Les agents des douanes et de l'immigration ont tenté dans l'urgence d'interpréter les nouvelles règles malgré une grande confusion sur certains points, dont le statut des porteurs de carte verte.

Le sénateur républicain Bob Corker, président de la commission des affaires étrangères du Sénat et partisan de Trump, a estimé que le décret avait été mis en oeuvre de manière médiocre.

"L'administration devrait faire immédiatement les révisions appropriées et j'espère qu'après un examen en profondeur et la mise en place d'optimisations de sécurité, nombre de ces programmes pourront être améliorés et rétablis", a-t-il déclaré.

Dimanche, un responsable de l'administration Trump s'est félicité du "franc succès" rencontré lors de la mise en oeuvre du décret et a souligné que l'ordre restait en vigueur.

Dans au moins cinq Etats, des juges fédéraux ont bloqué l'application du décret par des décisions en référé. Mais au niveau local, les autorités se plient de manière inégale à ces décisions, ont prévenu les avocats des plaignants.

Sur le plateau de NBC, Reince Priebus a évoqué le pouvoir "discrétionnaire" des agents de l'immigration, jugeant qu'ils pourraient agir en cas de soupçons sur les personnes venant de certains pays.

Interrogé sur le choix des sept pays, et l'absence de l'Arabie saoudite, l'Afghanistan, le Pakistan ou encore l'Egypte, il a déclaré : " peut-être que d'autres pays devraient être ajoutés à un décret présidentiel à l'avenir."

(Yara Bayoumy, Lesley Wroughton et Will Dunham; Julie Carriat pour le service français)