"Les investisseurs ne peuvent pas gérer les rendements car cette notion n'existe pas ; ils peuvent au mieux tenter d'estimer les performances futures. Le risque, en revanche, peut quant à lui être géré. Suite à la plus grande période de hausse de l'histoire des marchés boursiers durant les années 1980 et 1990, la maîtrise des risques est devenue, au cours de la dernière décennie, une préoccupation quotidienne des investisseurs professionnels", note Pierre-Yves Cahart, responsable clientèle institutionnelle France et francophonie chez Wegelin Asset Management.

"Il est donc légitime de s'intéresser à la composante risque du couple risque/rendement, élément essentiel, aujourd'hui plus que jamais, d'une diversification optimale."

"La diversification est la clé de voûte de toute stratégie d'investissement performante sur le long terme. Elle a pour objectif d'obtenir le meilleur rendement par unité de risque pris. Depuis le CAPM (Capital Asset Pricing Model) de Sharpe en 1967, de nombreux investisseurs tentent ainsi d'optimiser le couple risque/rendement de leurs portefeuilles."

"Cette diversification s'est d'abord faite dans les années 1980 selon l'approche traditionnelle de Markowitz, principalement entre actions et obligations locales. Au début des années 1990, des universités américaines, comme celle de Yale, ont apporté une importante contribution au principe de diversification en multipliant les classes d'actifs faiblement corrélées et les géographies dans lesquelles elles investissaient."

"Si cette méthodologie est devenue une référence pendant les marchés baissiers de 2001-2003, la diversification qu'elle propose a été un échec pendant la récente, et toujours bien actuelle, crise financière, et ce principalement pour deux raisons : la très faible liquidité de ses investissements et l'augmentation inattendue de la corrélation entre les classes d'actifs risqués en période de crise. Ce qui manquait à la diversification proposée par le modèle de Yale était effectivement la composante risque. Depuis 2005, de nouvelles méthodes telles que l'équipondération des risques offrent des techniques de construction de portefeuille plus robustes."

"Fondée sur les résultats des toutes dernières recherches universitaires, la méthode dite de l'équipondération des risques permet de tenir compte des profils de risque divergents entre les classes d'actifs et ainsi de construire un portefeuille réellement diversifié. En effet, certains portefeuilles dont l'allocation de capital semble bien diversifiée sont en réalité dominés en termes de risque par les placements les plus volatils. Le manque de diversification se traduit souvent par une performance trop basse et des pertes maximales trop importantes par rapport au risque encouru par les investisseurs."

"L'approche innovante repose sur l'idée d'allouer un portefeuille selon le poids du risque et permet de calculer sur une base quotidienne les pondérations optimales de telle sorte que chaque classe d'actifs contribue à part égale au risque global du portefeuille. Il est d'ailleurs intéressant de comparer la performance à moyen terme ainsi que les pertes maximales enregistrées par un tel portefeuille avec celles d'un portefeuille pondéré selon le capital."

"Nous avons identifié trois avantages majeurs de l'allocation selon le risque. Le premier est la stabilisation des rendements. Travailler selon deux critères distincts de gestion du risque permet de délivrer des rendements robustes, de gérer au mieux ses réserves à long-terme et de répondre ainsi aux exigences de son passif. L'équipondération des risques offre un contrôle actif du risque de fluctuations tandis que la gestion des risques extrêmes permet un contrôle actif du risque de l'exposition totale."

"Le second avantage est la réduction de la dépendance aux estimations de rendements qui nécessite un haut niveau de précision que peu d'analystes et de gérants atteignent, du fait de la complexité des facteurs, pour beaucoup imprévisibles, qui régissent les places financières. Elle permet de se concentrer avant tout sur la gestion quotidienne d'une donnée réelle et contrôlable, connue de chaque institution : son budget risque."

"Enfin, cette méthodologie permet de bénéficier des bienfaits d'une allocation dynamique. Une diversification réactive basée sur la gestion du risque permet un meilleur ajustement des allocations aux importantes variations des rendements de chaque classe d'actifs et de réduire la concentration du risque des portefeuilles dans les actions, dont la volatilité et les pertes maximales (-21% pour le MSCI France entre le 22 juillet et le 10 août 2011) peuvent être importantes."

"En passant d'une allocation statique basée sur le capital à une gestion dynamique basée sur le poids du risque, la plus importante caisse de pension danoise, ATP (64 milliards d'euros d'actifs à fin 2010), réalisait en 2008 une performance de +19% sur l'ensemble de son portefeuille."