par Terril Yue Jones

Dans son communiqué, Tianjin Xinmao Science & Technologies, indique qu'il essaie de dépasser le prix proposé par l'italien Prysmian pour Draka mais souligne les interrogations qui accompagnent son offre.

Tianjin Xinmao offrira bien 20,50 euros par action, soit environ un milliard d'euros, déclare la filiale cotée dans un prospectus déposé à la Bourse de Shenzhen.

Le groupe chinois ajoute que les deux parties "discutent en détail de l'opération" mais qu'il reste à obtenir l'aval du gouvernement.

"La question de savoir si l'accord pourra se concrétiser reste incertaine", lit-on dans le document.

Un porte-parole de la société a précisé que la valeur minimum de l'offre serait de cinq milliards de yuans, ce qui représente environ 560 millions d'euros, soit la valeur des 48,5% détenue dans Draka par le très discret fonds Flint Beheer, de la famille Fentener van Vlissingen.

La maison mère de Xinmao a été fondée en 2000 par un ancien officier de l'armée de l'air chinoise et emploie environ 30.000 personnes.

Un porte-parole de Draka a confirmé mercredi que les discussions avec la direction de Xinmao et ses conseillers avaient commencé mardi.

Draka avait dit mardi soir qu'il discuterait avec Xinmao bien qu'ayant accepté l'offre supérieure à 800 millions d'euros de l'italien Prysmian.

Le français Nexans doit également faire un point ce mercredi sur son offre de 731 millions, rejetée par Draka.

Draka se traitait à 19,10 euros mercredi en matinée, tandis que l'offre de Prysmian (8,60 euros plus 0,6595 action Prysmian) valait environ 16,60 euros par action Draka sur la base des derniers cours.

STRATÉGIES OPAQUES

Certains s'interrogent sur la capacité du groupe chinois, présent entre autres dans la fibre optique, les télécommunications et l'immobilier, à mener à bien son OPA.

La filiale cotée n'a gagné que 51,4 millions de yuans l'an dernier et sa capitalisation boursière ne représente qu'un tiers de l'offre de Draka.

"La capacité de la Chine en fibres optiques a doublé au cours de l'année écoulée. Je ne vois aucun avantage à acheter un fabricant étranger de câbles en fibres", commente un analyste de Shenzhen spécialisé dans le secteur des télécommunications.

"C'est peut-être comme quand Tengzhong a voulu racheter Hummer, un pur acte de marketing", ajoute-t-il en faisant référence à la tentative du fabricant d'équipements lourds de racheter la marque de gros 4x4 de General Motors.

Paul Wuh, analyste chez Samsung Securities à Hong Kong, souligne au contraire que le cours du cuivre ayant beaucoup augmenté, il est intéressant pour Xinmao de se renforcer dans la fibre optique étant donné que la Chine doit se développer dans le "triple play" (TV, internet, téléphone).

Le communiqué de Xinmao va dans ce sens.

"Les deux sociétés ont vraiment des synergies dans le secteur des communications optiques", lit-on dans le communiqué. "Si nous réussissons à acheter Draka, nous pourrons utiliser sa technologie centrale de base dans les produits en fibres optiques pour développer le marché chinois."

De nombreuses sociétés chinoises cotées en Bourse ont des maisons mères non cotées dont la stratégie est peu transparente.

C'est souvent la maison mère qui gère les acquisitions importantes. Ce fut par exemple le cas quand la maison mère non cotée de Geely Auto a proposé avec succès de racheter la filiale Volvo Cars de l'américain Ford.

Catalyst Advisors, qui conseille Xinmao pour son OPA, n'est pas très connue. Elle est basée à Amsterdam et a été fondée en 2003.

Le marché mondial du câble, que le cabinet d'études CRU estime à 176 milliards de dollars en 2011, est très fragmenté et semble mûr pour une vague de rapprochements entre entreprises du secteur.

Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Dominique Rodriguez