Francfort (awp/afp) - Plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont refusé en décembre tout soutien supplémentaire en faveur de la zone euro, révèle un document officiel publié jeudi, laissant augurer de vifs débats à venir, sur fond de remontée de l'inflation.

Plusieurs options ont été étudiées pour prolonger le "QE", le vaste programme de rachat de dettes que mène l'institution depuis début 2015, lors de la réunion de politique monétaire du conseil des gouverneurs des 7 et 8 décembre, selon le compte-rendu dévoilé par la BCE.

Jusqu'à présent, la banque centrale s'était engagée à racheter 80 milliards d'euros de dettes publiques et privées chaque mois jusque fin mars.

Lors de cette réunion, le président de la banque centrale Mario Draghi a réuni une majorité au sein du conseil, qui a opté pour un prolongement de ces rachats au delà de mars, au rythme de 60 milliards d'euros par mois et jusqu'à la fin 2017.

Toutefois, "plusieurs membres n'ont pu soutenir" aucune des options proposées, jugeant que les risques de déflation avaient "largement disparu" et qu'une nouvelle intervention n'était pas justifiée, selon le document.

Certains gouverneurs au sein du conseil n'ont jamais caché leur opposition aux rachats de dettes de la BCE, à l'image du président de la Bundesbank allemande Jens Weidmann.

D'autres membres ont initialement signalé leur préférence pour un allongement des rachats plus limité dans le temps, de l'ordre de six mois, avant de se rallier à la décision finale, adoptée à une "large majorité".

Lors de la réunion, la BCE s'est félicitée d'un affermissement et d'un élargissement de la reprise économique en zone euro, selon le texte. Elle s'est toutefois inquiétée du "haut niveau d'incertitude" et de possibles "chocs" liés à l'environnement politique mondial, alors que plusieurs échéances électorales clés sont attendues en 2017, notamment en France et en Allemagne.

L'institution a également pointé "le manque de progrès durables" sur le front de l'inflation, justifiant sa décision de muscler son soutien à la zone euro.

La récente remontée des prix à la consommation pourrait toutefois changer la donne et amener la BCE à ouvrir plus rapidement que prévu le débat concernant l'abandon des rachats de dettes, estiment certains analystes.

En décembre, la hausse des prix à la consommation en zone euro a bondi, à 1,1% sur un an, après 0,6% en novembre, se rapprochant de l'objectif de la banque centrale d'une hausse proche mais inférieure à 2%.

Au vu de cette évolution, "certains se demandent si la BCE ne devrait pas ralentir plus fortement ses rachats mensuels de dettes", commente Howard Archer, du cabinet IHS Markit.

Le compte-rendu de la réunion du conseil des gouverneurs en décembre "suggère que la BCE commence peut-être à atteindre ses limites", souligne Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics, qui pronostique une possible sortie progressive du programme de rachat de dettes à partir de 2018.

afp/jh