L'annonce de l'homme d'affaires, qui préside le conseil d'administration d'EADS depuis mai, intervient au moment où des questions se posent sur le maintien du pacte d'actionnaires actuel qui garantit l'équilibre franco-allemand au sein du groupe d'aérospatiale et de défense.

Arnaud Lagardère, dont l'objectif est de se concentrer sur les activités de son groupe de médias, avait déjà annoncé vouloir céder sa participation de 7,5% dans EADS une fois le programme A350 stabilisé, mais sans fixer de calendrier précis.

"C'est désormais clair, avec le gouvernement français et tout le monde au sein d'EADS, qu'il est plus que probable que nous sortirons l'année prochaine", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique sur le chiffre d'affaires trimestriel de Lagardère.

"Nous avons les feux verts sur EADS et c'est pourquoi c'est facile pour nous de prendre une décision", a-t-il ajouté. "Nous avons une fenêtre maintenant que la plupart de nos projets - sinon tous les projets - semblent bien engagés".

Arnaud Lagardère s'est également félicité du fait que la communication était devenue plus claire au sein d'EADS.

"Tout le monde sait exactement ce qu'il se passe et nous avons fait beaucoup d'efforts pour pousser la direction à vraiment communiquer de manière très ouverte", a-t-il fait valoir.

BON MOMENT POUR VENDRE

Issu de la création d'EADS en 2010, le pacte d'actionnaires d'EADS respecte parfaitement l'équilibre franco-allemand : du côté de français, l'Etat et Lagardère détiennent respectivement 15% et 7,5% du capital; du côté allemand, le constructeur automobile Daimler possède 15% du capital et un consortium de sept banques allemandes (Dedalus) les 7,5% restants.

Selon un projet détaillé consulté par Reuters fin octobre, la banque publique KfW devrait porter sa participation dans EADS de 1% à 13% d'ici la fin de l'année. Elle devrait racheter dans un premier temps une participation 4,5% à Dedalus, puis la moitié des 15% de Daimler.

"Nous avons très clairement dit que notre objectif était évidemment d'être du côté des intérêts de Lagardère, mais c'est un groupe complexe et il aurait été très difficile pour nous de vendre notre participation dans EADS et de ne pas protéger dans une certaine mesure les intérêts français", a observé Arnaud Lagardère.

Le groupe Lagardère avait exprimé début octobre ses doutes sur le projet de fusion entre EADS et le britannique BAE Systems, qui a finalement capoté le 10 octobre, un échec attribué au veto de la chancelière allemande Angela Merkel.

"Ce qui est formidable concernant la négociation avec BAE, c'est que tout a été mis sur la table", a poursuivi Arnaud Lagardère, faisant référence à la probable sortie de Daimler du capital d'EADS. "Il y a eu une très large communication sur le pacte".

Arnaud Lagardère a considéré que c'était le "bon moment" pour céder sa participation, vu le parcours d'EADS en Bourse, qui surperforme encore le CAC40 cette année même s'il n'a pas compensée la chute accusée par le titre à la mi-septembre après l'annonce du projet de fusion entre EADS et BAE Systems.

Au cours actuel d'EADS, la participation de Lagardère vaut 1,63 milliard d'euros.

L'homme d'affaires a également indiqué que Lagardère partagerait les recettes de la cession de sa participation dans EADS entre la redistribution aux actionnaires, le désendettement et quelques petites acquisitions.

Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot

par Cyril Altmeyer