Le groupe Lagardère, déficitaire, s'était déjà battu avec le fonds activiste Amber Capital à propos de ses performances et de sa gouvernance, mais maintenant le conglomérat français pourrait être pris dans un possible bras de fer entre Arnault et Bollore.

Lagardère, qui possède des agences de voyage, des maisons d'édition et des médias français, s'était tourné vers les deux milliardaires pour obtenir de l'aide pour repousser Amber, mais Bollore s'est ensuite rangé du côté de l'activiste sur certaines demandes.

M. Arnault, qui contrôle le propriétaire de Louis Vuitton, LVMH, a déclaré que sa société d'investissement prendrait une participation de 27 % dans la holding personnelle d'Arnaud Lagardère, ce qui devrait contribuer à alléger la pression financière sur ce véhicule endetté.

"Cet investissement concrétise la relation de longue date entre nos deux familles", a déclaré M. Arnault, ajoutant qu'il était attaché à l'intégrité du groupe Lagardère et de ses principales activités d'édition et de vente de voyages.

L'opération, initialement annoncée en mai, ne devrait être finalisée qu'en septembre.

Elle marque également le soutien d'Arnault à Arnaud Lagardère, qui dirige le groupe Lagardère depuis la mort de son père en 2003.

La semaine dernière, Bollore, dont le groupe de médias Vivendi détient désormais 23,5 % de Lagardère, s'est allié de manière inattendue à Amber, qui détient 20 % du capital, pour demander quatre sièges au conseil d'administration à eux deux.

La prise de participation d'Arnault et de Bollore dans Lagardère a alimenté les spéculations selon lesquelles les deux milliardaires veulent démembrer Lagardère, qui comprend l'éditeur français Hachette, ce qui pourrait convenir à Vivendi.

La division de vente au détail de voyages, quant à elle, bien que touchée par la pandémie de coronavirus, pourrait être intégrée à l'empire du luxe de LVMH. En plus de Paris Match, Lagardère possède la radio Europe 1 et le Journal Du Dimanche.

AIGUISER LE COUTEAU

Bollore et Arnault ont jusqu'à présent entretenu une relation respectueuse mais distante, selon des proches des milliardaires.

Mais les bousculades autour de la stratégie et des actifs de Lagardère devraient s'intensifier dans les semaines à venir, alors que Vivendi et Amber devraient convoquer une assemblée générale des actionnaires.

"Tout devient plus tendu", a déclaré une personne proche de l'un des principaux acteurs. "Les parties sont en train d'aiguiser leurs couteaux".

Les relations entre Vivendi et Lagardère ont subi un nouveau coup dur cette semaine, lorsque le conseil d'administration de Lagardère a renouvelé le mandat d'associé-gérant d'Arnaud Lagardère avec sept mois d'avance.

Ni Amber, ni Bollore, ni Vivendi n'avaient été informés que le conseil d'administration de la société devait se réunir, ont déclaré deux sources au fait de la question.

Les porte-parole de LVMH, Vivendi et Lagardère se sont refusés à tout commentaire.

L'un des aspects les plus délicats de cette potentielle bataille d'entreprise sera la structure obscure de la "commandite" de Lagardère, une sorte de société en commandite qui permet à Arnaud Lagardère de diriger le groupe avec seulement 7% des actions.

Amber a fait campagne pour que cette structure soit abolie, ce qui modifierait la dynamique du pouvoir entre les actionnaires.