Google a déclaré récemment que son site faisait l'objet de cyber-attaques massives depuis la Chine et s'est plaint de la censure intense exercée dans le pays. Le moteur de recherche a même menacé d'y cesser toute activité si cette situation perdure.

Pour Bill Gates, la censure chinoise est plus symbolique que réelle. "Heureusement, dit-il, les efforts des Chinois pour censurer Internet sont très limités. Il est facile de les contourner".

Les menaces de Google ont eu des conséquences diplomatiques majeures. La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a ainsi mis en garde ceux - individus ou États - qui lancent des cyber-attaques. Pékin a démenti fermement avoir lancé la moindre attaque et a réaffirmé son droit à contrôler ce qui s'échange sur le Web.

Et sur ce dernier point, Bill Gates vient encore au secours du gouvernement chinois. Après tout, observe-t-il, la liberté d'expression est à géométrie variable, même dans les démocraties. Il prend ainsi l'exemple de l'Allemagne, qui interdit toute apologie du nazisme, alors que les États-Unis laissent s'exprimer librement les nostalgiques du IIIe Reich.

Les propos de l'ami Bill ont déclenché une mini-tornade médiatique. Pour les envoyés spéciaux des journaux occidentaux en Chine, la censure est bien réelle dans le pays. Et Bill Gates est présenté par plusieurs quotidiens, comme le Daily Telegraph ou le Guardian, comme un opportuniste qui tente de faire des œillades au gouvernement chinois en taclant au passage son principal rival.

Le Guardian (26/01) titre même "Bill Gates laisse tomber la Chine", sous-titrant son article par ce commentaire cinglant : "les déclarations "business as usual" de Bill Gates ont trahi les internautes chinois".

Une tempête... dans un verre d'eau ?
Alibaba.com, déclinaison journalistique du célèbre site de commerce électronique du milliardaire chinois Jack Ma, apporte un éclairage intéressant. Pour Shi Yinghong, directeur des Etudes Américaines à l'université chinoise de Renmin, les propos de Bill Gates sont "naïfs", mais ce n'est pas parce qu'il minimise la censure chinoise. En fait, explique l'universitaire, quelles que soient leurs critiques, les firmes telles que Google ne quitteront jamais la Chine et leurs menaces ne sont que des bravades sans lendemain.

Tout simplement parce que le marché chinois est devenu trop important pour que quiconque - même Google - renonce à s'y implanter. D'ailleurs, pour Pan Yu, professeur à l'université de Fudan, Google et les autorités chinoises ont pleinement conscience des enjeux majeurs de l'affaire et chacun a bien pris garde de ne pas aller trop loin...

Au pire, Google restera en Chine, mais le gouvernement lui imposera quelques embuches supplémentaires pour le punir de son impertinence.