Le milliardaire mexicain, dont la fortune est estimée à 59 milliards de dollars, « a une belle collection de couronnes et de bijoux. Mais chaque société a son propre cycle d'affaires. La période la plus dynamique de son expansion est derrière lui », affirme Ernesto Piedras, analyste spécialisé dans les télécommunications.

Telmex, détenteur de 80% de parts de marché au Mexique dans la téléphonie fixe et l'Internet, a en effet plus à perdre qu'à gagner. Les actions du groupe, vendues par le gouvernement mexicain à Slim en 1990, ont ainsi été les seules à baisser, de presque 25%, à la Bourse mexicaine en 2009. De son côté, America Movil doit faire face à des rivaux de plus en plus pressants.

Des concurrents de plus en plus affamés
La concurrence commence en effet à aiguiser ses lames et à profiter d'une population encore sous-équipée et de la libéralisation du secteur : Vivendi négocierait ainsi une alliance avec le groupe de médias mexicain Televisa en vue de participer à l'appel d'offres pour des fréquences de téléphonie mobile attendu cette année. Les deux partenaires investiraient 3 milliards de dollars pour monter leur propre réseau. Televisa possède des participations dans trois des plus importants câblo-opérateurs mexicains et cherche à détrôner Carlos Slim de la première place dans les télécoms du pays.

Les avancées technologiques contribuent aussi à ronger le monopole du milliardaire, en permettant à des câblo-opérateurs comme Telefonica ou Megacable d'occuper le marché et de baisser les prix. Ces derniers tirent également bénéfice du fait que le gouvernement mexicain a refusé à Telmex le droit de se lancer dans la télévision sur mobile et Internet.

La concurrence s'intensifie également en Colombie, en Argentine et au Brésil, où Slim a des positions fortes, profitant là aussi des progrès technologiques et de la libéralisation du marché.

Carlos Slim reste pourtant droit dans ses bottes. Il se dit « très fier » d'avoir permis au Mexique de rattraper son retard en matière de télécoms. « C'est pervers de considérer que les pays pauvres n'ont pas le droit d'avoir de grands groupes », estime-t-il, convaincu que son pays lui doit beaucoup.

Certes, mais la tendance actuelle va clairement vers plus de concurrence, un marché moins fermé et des prix moins élevés, soit la rançon du boom de l'économie mexicaine. De là à faire passer Carlos Slim pour une victime...