La baisse des ventes de disques continue de faire souffrir EMI. Le label, dont le catalogue comprend notamment Daft Punk, les Pink Floyd ou encore Robbie Williams, affiche une nouvelle perte annuelle sur 2009, à 1,6 milliard de livres. C'est trois fois plus que les 412 millions de livres évaporés en 2008. Son chiffre d'affaires s'élève à 1,57 milliard de livres.

Ces mauvaises performances pourraient conduire Terra Firma à se séparer d'EMI. Le fonds de private equity détenu par Guy Hands avait déboursé 4 milliards de livres en mai 2007 pour s'offrir le label qui a notamment sorti les albums des Beatles. Or, Terra Firma doit encore 2,6 milliards de dollars à Citigroup, qui lui avait permis de financer l'opération.

Mais la rupture de certains « covenants » (conditions attachées au contrat d'endettement) l'oblige à solliciter les investisseurs pour reverser 120 millions de livres d'ici au 14 juin. Si Terra Firma n'a pas remboursé Citigroup d'ici la mi-juin, la banque américaine risque fort de récupérer EMI en contrepartie.

EMI bientôt dépecé ?
Selon le Financial Times (05/02), même les comptables d'EMI n'y croient plus. Les actifs de la major pourraient être scindés, puis être revendus pour permettre à la banque américaine de dégager du cash et accélérer la fin de la tutelle partielle de l'État américain.

De son côté, Guy Hands s'estime trompé par Citigroup. En décembre dernier, l'homme d'affaires britannique a déposé plainte contre la banque de Wall Street, l'accusant d'avoir délibérément menti en lui faisant croire que d'autres candidats étaient en lice pour le rachat d'EMI il y a trois ans. Guy Hands, qui réclame pas moins de 2 milliards de livres de dédommagement, a reconnu que le rachat du label était « une erreur ».

Les deux parties se disputent déjà à propos du lieu du procès. Citigroup exige que le procès se déroule devant les tribunaux britanniques, mais le patron de Terra Firma ne souhaite pas que l'affaire soit examinée en Grande Bretagne avant trois ans : fuyant le projet de Londres de taxer les revenus financiers, Guy Hands a récemment transféré son fonds d'investissement sur l'île de Guernesey, où le climat fiscal est bien plus doux qu'en Grande-Bretagne.

Pour Guy Hands, pas question de compromettre son projet de devenir résident fiscal à Guernesey.