PARIS, 4 janvier (Reuters) - EDF espère que le gouvernement prendra bientôt des décisions en matière de programmation industrielle et de financement afin de concrétiser ses projets de construction de réacteurs nucléaires en France, a déclaré mardi le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy.

Emmanuel Macron a annoncé début novembre la relance de la construction de réacteurs nucléaires en France, sans toutefois préciser le nombre ou le type d'unités envisagées, ni leur financement.

"Nous espérons que le gouvernement va rentrer un peu plus dans le vif du sujet", a déclaré Jean-Bernard Lévy lors d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).

"J'espère que le gouvernement va passer d'une phase de déclaration de principe à une phase de lancement des actions concrètes ; je pense que c'est un sujet qui est urgent", a-t-il ajouté.

EDF propose la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR en France sur trois sites, un projet que le groupe évalue autour de 50 milliards d'euros en tenant compte d'une intervention de l'Etat - selon des modalités qui restent à préciser - permettant d'améliorer les conditions de financement des projets.

"Si, comme c'est le cas aujourd'hui, je fais un financement du nucléaire avec des taux dont la prime de risque est très minime parce que l'Etat est intervenu massivement - et c'est comme ça que ça se passe dans tous les pays du monde -, le prix du revient du nucléaire est très compétitif", a souligné Jean-Bernard Lévy.

"Il n'est évidemment pas question que (les nouvelles centrales) soient financées selon des mécanismes privés, ça n'est le cas nulle part dans le monde et ça ne fait pas partie des solutions qu'on étudie avec l'administration de l'Etat."

Jean-Bernard Lévy a également jugé que le classement par l'Union européenne de certains projets nucléaires dans la catégorie des investissements "verts" devrait se traduire par une plus grande "profondeur" des financements disponibles et par une baisse de leurs coûts. "Je ne sais évidemment pas le quantifier (mais) je pense que, qualitativement, il y aura une grosse différence."

Après que le gouvernement a suspendu en juillet ses projets de nouvelle régulation du nucléaire français et de réforme d'EDF, censés donner à l'entreprise les moyens d'investir, le PDG a en outre estimé que la construction de nouveaux réacteurs et la volonté de stabiliser les prix de l'électricité entraîneraient nécessairement "un réexamen des principes d'organisation et de fonctionnement du groupe". (Reportage Benjamin Mallet ; édité par Blandine Hénault)