BAMAKO, 18 avril (Reuters) - Des manifestants ont envahi lundi la piste de l'aérodrome de Kidal dans le nord du Mali pour protester contre l'arrestation par les forces françaises de personnes soupçonnées de liens avec les islamistes armés opérant dans la région, ont rapporté les autorités locales et des témoins.

Les forces de sécurité ont tiré des coups de semonce et des gaz lacrymogènes face aux manifestants -- essentiellement des femmes -- qui ont mis à sac et incendié des installations de l'aéroport, ont déclaré les autorités, des témoins ainsi que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Une personne a été tuée et six autres ont été blessées dans ces troubles, a déclaré le député Ahmoudane Ag Ikmasse, qui représente Kidal à l'Assemblée nationale malienne.

Cette manifestation dénote une dégradation des relations entre les forces étrangères et la population de Kidal, ville qui fut un temps au coeur du mouvement séparatiste touareg et des opérations menées par les insurgés islamistes, dont certains liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Selon un médecin de Kidal, deux personnes sont mortes dans des tirs.

Un porte-parole militaire français s'est refusé à toute déclaration.

La Minusma et les forces françaises sont stationnées dans le nord du Mali depuis trois ans environ. Si les troupes françaises ont pu rapidement chasser les djihadistes des villes en 2013, ceux-ci se sont regroupés dans des zones reculées du nord du pays. Le 20 novembre dernier, des membres d'Aqmi ont attaqué un hôtel de la capitale Bamako, le Radisson Blu, tuant 20 personnes et prouvant qu'ils étaient en mesure d'intervenir loin de leurs bases. (Adama Diarra et Tiemoko Diallo; Eric Faye pour le service français)